French Riviera

Master parfumeur

À l’occasion de la sortie de Ralph’s Club, sa dernière création olfactive pour Ralph Lauren, rencontre avec le célèbre parfumeur français, Dominique Ropion.

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Dominique Ropion, photographié par IFF
L’Officiel: Parlez-nous un peu de votre dernière création, Ralph’s Club, avec Ralph Lauren Fragrance et L’Oréal…
Dominique Ropion : Pour Ralph’s Club, je me suis inspiré de l’expérience mode “one-night-only” de la collection automne 2019. J’ai traduit cette nuit new-yorkaise inoubliable en parfum, un parfum pour des anticonformistes du style qui inspirent les autres, les poussent à se dépasser et à vivre la vie à son maximum. C’est un parfum boisé à la fois élégant, fort et impertinent, au sillage qui défie les limites de la sensualité. Pour créer Ralph’s Club, j’ai sélectionné des ingrédients naturels à la qualité exceptionnelle qui infusent le parfum d’une naturalité sans pareille. Les notes fortes et fraîches du lavandin et de la sauge sclarée sont équilibrées par la richesse chaude du bois de cèdre de Virginie et du vétiver luxueux cultivé et récolté dans le respect de l’environnement et des communautés.
 

L’O: Vous avez déjà créé un parfum pour Ralph Lauren en 1990. Qu’est-ce qui a changé depuis dans votre métier de parfumeur?

DR: Depuis les années 1990, beaucoup de choses ont changé. Les innovations et les technologies évoluent à une vitesse folle. Il faut savoir s’adapter aux nouvelles contraintes de formulation et également aux goûts des consommateurs qui évoluent très vite.

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Dominique Ropion, photographié par IFF

L’O: Ce parfum est-il plutôt féminin, masculin ou unisexe?

DR: Avant d’être un parfum masculin, Ralph’s Club est avant tout une création parfumée. Aujourd’hui, les frontières du genre sont en permanence remises en question et la limite entre le masculin et le féminin se fait plus floue. À l’image de la campagne qui réunit des égéries masculines et féminines, ce parfum célèbre avant tout l’idée de “togetherness” et, malgré sa masculinité évidente, je le vois tout aussi bien porté par un homme que par une femme.

L’O: Le lavandin et la sauge sclarée ont été produits durablement et exclusivement en Provence pour Ralph Lauren… Comment choisissez-vous les ingrédients, les notes?

DR: Pour chaque création, il est important de comprendre ce qui constituera l’essence du futur parfum. J’aime travailler sur un thème central, autour d’une matière première riche et la sublimer avec des ingrédients complémentaires pour trouver la parfaite harmonie. Élaborer et façonner une senteur à travers des ingrédients exclusifs, tels que le lavandin ou la sauge sclarée, est fascinant. C’est toujours un plaisir de pouvoir travailler avec de belles matières et collaborer avec des marques novatrices comme Ralph Lauren. Obtenir la signature unique d’un parfum est un travail méticuleux qui demande de la patience.  

L’O: Lancé en 1921, L’Officiel fête cette année ses 100 ans. Les images du parfum Ralph’s Club rappellent justement l’esthétique des années 20. Était-ce une des inspirations

DR: En quelque sorte… Les années 20 sont des années festives à l’esthétique Art déco somptueuse qui a inspiré beaucoup d’artistes à travers les années. Pour moi, l’essence de Ralph’s Club, c’est une forme d’énergie à la fois moderne et intemporelle. Et c’est avec cette énergie que les égéries vont naviguer dans le club et aller à la rencontre de gens du monde entier qui se sont réunis pour une nuit inoubliable.

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Luka Sabbat, Gigi Hadid et Lucky Blue Smith en Ralph Lauren.

L’O: Racontez-nous votre rencontre avec le Sud de la France et vos trois années de formation à Grasse…

DR: Enfant, je respirais tout. Comme je suis né à Paris, mes premiers souvenirs olfactifs sont l’odeur du métro et ses facettes de para-crésol qui certes ne sont pas les odeurs les plus poétiques mais qui ont inspiré mes débuts dans ce métier. J’adorais les odeurs, mais je n’envisageais pas pour autant en faire mon métier car j’étais davantage passionné par les sciences. Néanmoins, après un stage au sein du service de recherche de Roure, le destin m’a permis d’obtenir la place d’un étudiant qui s’est désisté au dernier moment dans l’école du parfum à Grasse. Un geste du destin qui m’a permis d’étudier de manière approfondie la composition chimique de matières premières naturelles. Ces trois années de formation à Grasse ont enrichi mes connaissances encyclopédiques et m’ont appris la technique des accords, ce qui me permet aujourd’hui de créer avec maîtrise et passion.

L’O: En 2018 vous avez reçu le titre de Master Perfumer. Qu’est-ce que cela signifie et comment devient-on Master Perfumer?

DR: Ce titre est la consécration ultime dans la carrière d’un parfumeur. Il honore l’ensemble d’une vie de recherche, de patience et d’apprentissage pour créer des senteurs uniques. Si je peux donner un conseil aux parfumeurs juniors : la connaissance et la maîtrise des ingrédients sont indispensables, elles ne sont pas innées et doivent être sans cesse approfondies pour atteindre la justesse recherchée. À l’image d’un sculpteur, j’aime l’idée de travailler le parfum comme une forme, cela demande beaucoup de temps et de persévérance, mais ressentir le jus comme une évidence est la plus grande joie du parfumeur.

Pour plus d'information :
https://ralphsclubfragrance.com/

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