Marine Serre gagne le Prix LVMH
Il y a ces grands gants de forgerons color-block, ces jupes corolle portées sur des sous-pulls en nylon, ces combinaisons seconde peau à motifs croissant de lune... Il y a le personnage aussi : celui d'une Corrézienne de 25 ans, boute-en-train à la coupe garçonne, qui s'est hissée très haut en l'espace de six mois. Formée à La Calade de Marseille puis à La Cambre de Bruxelles, Marine Serre achève tout juste ses études quand elle est repérée par le concept-store parisien Broken Arm, en septembre 2016. Sa collection, "Radical Call for Love", s'arrache, et les propositions pleuvent : Dover Street Market, Opening Ceremony, Ssense... La créatrice n'a même pas eu le temps de lancer sa marque qu'elle est déjà vendue partout : "Rien n'était prévu. J'ai collaboré avec Broken Arm, puis les équipes d'Hyères m'ont appelée, celles du LVMH Prize aussi... Ma vie a radicalement changé en peu de temps."
Difficile d'éviter le sujet Balenciaga, où Marine travaille depuis quelques mois, en tant que designer "Research and Development". La Briviste n'est-elle pas le pur produit de l'école Gvasalia ? "Je sais ce que Demna fait et ce qu'il a fait. Et donc ce que je ne peux pas faire." Elle cite aussi Mathieu Blazy, qu'elle a côtoyé chez Maison Margiela, et Raf Simons, qu'elle a assisté lors de ses dernières semaines chez Christian Dior... Autant de mentors dont elle admet l'influence, l'analysant comme "inconsciente", "intuitive", tout comme sa mode, qu'elle explique parce qu'il le faut : "Pour moi, la mode doit parler d'elle-même. On doit ressentir un vêtement, le comprendre sans avoir besoin d'explications. Jean Paul Gaultier fonctionne comme ça." Leitmotiv de son travail, le sportswear fait surface de manière spontanée, au détour d'un bandana, d'un zip ou d'une matière technique : "Ces références sont inconscientes, ancrées dans un quotidien. J'ai fait du sport pendant dix-huit ans à haut niveau. J'ai été jusqu'aux présélections de Roland Garros..." La chance a voulu qu'elle échoue.