Pourquoi la mode ne jure (déjà) que par Bernadette
Comment l’aventure a-t-elle débuté ?
Charlotte de Geyter : Nous avons commencé à travailler ensemble il y a un an et demi. J’ai étudié à la Royal Academy of fine Arts d’Anvers puis, après mon diplôme, je suis partie à Londres travailler pour une marque de mode. J'ai rapidement réalisé que certaines choses me manquaient, comme mettre à l'épreuve mon style, ou me servir du dessin comme d'un atout... Ma mère m’a toujours encouragée à développer ma propre voix. Depuis que je suis très jeune, elle stimule mon sens de la créativité et de la mode. Le fondement de notre marque, c'est le lien fort qui nous unit, Maman et moi.
Bernadette de Geyter : Je me souviens, Charlotte m’appelle depuis Londres et me dit : "Lançons une marque ensemble !" Perspective alléchante. Pour une mère, ça ressemble à un rêve. Ma fille et moi avons toujours partagé des intérêts communs : chiner des vêtements vintage, tout particulièrement. Chercher ensemble et inlassablement ce type d’objets nous procure beaucoup d’adrénaline. Et ce n'est rien comparé à l’excitation de travailler en duo, d’être capable de partir de zéro pour chercher l’inspiration, la trouver et créer quelque chose en combinant nos différentes idées.
Pourquoi Bernadette…et pas Charlotte ?
Charlotte : Il fallait que ce soit Bernadette (rires) ! Primo, j’ai toujours aimé le prénom de ma mère, son caractère unique... Secondo, le côté old school va bien à notre maison. La principale raison, c'est que ma mère demeure ma première muse et inspiration.
Votre autre grande source d'inspiration, c'est la nature. Au-delà des fleurs, comment incitez-vous les gens à revenir aux sources ?
Charlotte : Mon but est de créer des vêtements qui dégagent un sentiment de facilité et de nonchalance. Cela se traduit par la nature des imprimés, bien sûr, mais aussi par la coupe. Chez Bernadette, nous voulons que la femme se sente forte, fraîche et détendue dans ses vêtements. Comme elle se sent quand elle est dans la nature. J’étais à Bali, le mois dernier, où j’ai pu découvrir la flore sous-marine la plus brillante, vive, que j’avais jamais vue. Très inspirant. La nature, c’est aussi l’endroit d’où j’aimerais dessiner mes collections.
Et pourtant, vous oeuvrez à Anvers !
Charlotte : Par nature, je suis quelqu'un qui va chercher des moments de calme, des lieux paisibles... Après six mois à Londres, j'ai choisi de rentrer ici - Anvers est plus silencieuse que Londres, même si elle reste malgré tout une grande ville. Ensemble, avec mon petit-ami peintre Ben Sledsens, nous rêvons sans cesse d’une vie ailleurs, dans le lointain. C’est une pensée romantique que de rêver d’un autre paradis. L’inconnu est ce qui vous fait fantasmer. J'aime le fait de pouvoir rêver et m’interroger à ce sujet.
Dans le nom comme dans l'allure, la part de "rétro" est indéniable chez Bernadette…
Bernadette : Avec Charlotte, en chinant, nous nous sommes construit une véritable collection de vêtements vintage. De la lingerie ancienne, des chemises de nuit et des robes de chambre, avec de très beaux détails comme de la dentelle filée, des empiècements cousus à la main... Nous nous en inspirons pour les formes et les finitions de nos vêtements. Chez Bernadette, il nous arrive d'entamer le processus de création par le "styling" de différentes pièces vintage : on y ajoute notre propre patte, nos propres imprimés… Aussi, nous nous plongeons dans les archives et explorons le style de femmes emblématiques : Ava Gardner, Grace Kelly, Audrey Hepburn...
Parlez-nous de la collection "Gingham", actuellement en vente sur Net-À-Porter…
Charlotte : Cette collection se compose de huit pièces, de la robe coupée en biais à la jupe ceinturée, toutes taxées de notre imprimé "Gingham" (ci-dessous, en photo). L'idée, avec le Gingham, était offrir à la capsule un sentiment instantané d’été insouciant. Pour un pique-nique en ville, une longue journée à la plage dans le Sud de la France… Ma mère et moi avions à l'esprit une femme à la fois ingénue et sexy... une sorte de Brigitte Bardot. Voir le "Gingham", c'est penser à l'été. Aussi, cette collection est sous-titrée "High Summer" car nous croyons fermement à l’idée de "buy now, wear now".
En mode, les affaires de famille sont "dans la place". Je pense, surtout, à Maison Cléo, une marque mère-fille française… Que pensez-vous de ce phénomène ?
Charlotte : Maman et moi, nous nous sentons fortement en équipe parce que chacune octroie de l’espace à l’autre. Et puis, nous pouvons complètement nous faire confiance. Ma mère a été acheteure de mode en Belgique. Avec mon background en design, nous formons une équipe "powerful", comme on dit. Travailler en famille, c'est un challenge...mais quand on trouve la bonne formule, c’est très fort. Je pense que d’autres duos mère-fille se formeront.
Dernière question : si vous pouviez vous réincarner en fleurs, laquelle choisiriez-vous ?
Charlotte : Je suis une femme marguerite ! J’aime sa sobriété, sa ludicité… C’est la première fleur que tout le monde apprend à dessiner.
Bernadette : Une rose. Je suis très fière de mon jardin de roses. Ça me procure beaucoup de joie de le voir fleurir chaque été.
Créations disponibles sur Sur Net-À-Porter. / http://www.bernadetteantwerp.com