Femmes

La mode va-t-elle enfin passer au vert ?

Après s'être hissée au deuxième rang, peu glorieux, des industries les plus polluantes de la planète, la mode voit éclore une génération de créateurs frondeurs, enfin prêts à changer les choses. Oui, la révolte gronde.
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Emma Brewin n'a pas attendu d'être passée par une "grande maison" pour intégrer l'opposition. Dès sa sortie de l'école (l'University for the Creative Arts de Rochester), cette Anglaise de 27 ans recouvre son Kent natal, où elle lance sa marque éponyme de vêtements et chapeaux en fausse-fourrure (photo ci-contre). Son studio ? Une grange improvisée en atelier de création. Son équipe ? Une poignée d'artisans réhabilitant des techniques oubliées. Son manifeste, repris en choeur par beaucoup de ses contemporains, dont Samantha McCoach, fondatrice écossaise de "Le Kilt" ? Produire mieux au risque de produire moins, privilégier la pérennisation des savoir-faire et l'éthicité des matières sur la vitesse et la quantité de production. D'autant que la recette a montré ses limites avec 63% de hausse des émissions de CO2 estimés entre 2015 et 2030, et 50% de hausse de la consommation d'eau, et ce pour la seule industrie de la mode... La faute à un calendrier hallucinogène, qui soumet les marques à une forme de boulimie créative et aux systèmes de production qui vont avec. Mais peut-on mieux créer sans repasser par la case "artisanat" ?

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Produire moins et, surtout, produire mieux
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Vu par beaucoup comme l'indispensable alternative, le recyclage ou "upcycling" poursuit son opération séduction. Sur les podiums, dans les boutiques et en ligne, les tentatives se multiplient pour surcycler ce qui a déjà été porté (ou n'a jamais été vendu) : Viktor & Rolf fabriquent du rêve à partir de vieux vêtements dénichés dans des friperies, Cheap Monday lance un grand appel au recyclage (et la ligne écolo qui va avec)... La révolution est en marche chez les mastodontes du luxe, qui révisent leur sourcing ou s'associent à des labels ou sociétés de conseil écolo. Ainsi, en octobre dernier, Glenn Martens imaginait à quatre mains avec Honest By une collection capsule à la tracabilité modèle. Et, quelques semaines plus tôt, Matchesfashion annonçait un partenariat de plusieurs mois avec Livia Firth, fondatrice et directrice d'Eco-Age, pour réduire son impact environnemental. Ça bouge aussi dans la jeune création, où une marque ne voit plus le jour sans bonne conscience écolo, à l'image du label "Toasties" et de ses mouffles, cagoules et plaids en laine de seconde main (photo ci-contre). 

Preuve qu'il y a une vie après la mode, et qu'on peut croquer sa pomme après l'avoir mangée, Matea Benedetti (photo ci-dessous), elle, utilise des déchets de l'industrie agro-alimentaire pour réaliser certains de ses vêtements... Après le rouge, bientôt le vert ? 

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