Juliette Armanet : "J’ai longtemps cru que le féminisme était lié à Mai 68"
Où auriez-vous aimé être durant la “nuit des barricades”, du 10 au 11 mai 1968 ?
J’aurais aimé être dans la rue. L’endroit le plus fiévreux, le plus populaire, le plus ambigu, le plus dangereux aussi…
Avez-vous vécu une révolution ?
Au sens propre, non, mais j’ai le sentiment que l’attentat contre Charlie Hebdo a été une révolution tragique et traumatisante.
Quel slogan révolutionnaire vous parle ?
C’est plutôt une devise : Liberté, Égalité, Fraternité. On a tendance à oublier que c’est très beau…
Pour vous, que désigne le terme “révolution” aujourd’hui ?
La révolution est un mouvement collectif, avec quelque chose de charnel, de viscéral. Je suis un peu pessimiste sur notre capacité à nous rassembler et à nous engager, au risque de perdre nos privilèges.
Que pensez-vous des combats qui animent les femmes en ce moment ?
J’espère qu’ils animent aussi les hommes, puisque c’est eux dont il s’agit ! Et il ne faut pas s’offusquer de l’expression “Balance ton porc”, car il était temps de taper du poing sur la table. J’ai longtemps cru que le féminisme était lié à Mai 68, à la pilule, à l’avortement… Au contraire, c’est un combat qui reste brûlant, moderne, quotidien, qui concerne autrement les femmes.
Quelles figures révolutionnaires vous inspirent ?
Françoise Sagan, pour des raisons de liberté, de refus de catégories sexuelles, de cette envie d’être libre. Simone Veil était aussi une femme incroyable, qui a porté un combat quasi impossible. Un mélange de calme et de fougue : c’est ce qui change le monde en profondeur.