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Comment Maison Cléo a inventé l'insta-couture

Qui a dit que le digital biberonnait la fast fashion? Parce qu’elle applique le fonctionnement raisonné des ateliers de couture d’antan, Maison Cléo prouve le contraire.
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La génération Pokemon a grandi. Tous les mercredis, elle ne chasse plus des créatures virtuelles mais des blouses en soie, des bijoux ou des sacs en cuir végétal via des stories Instagram. Parmi les 33k abonnés de la jeune Maison Cléo, fondée en 2016 à Lille, les Joey & Hunter King, Leandra Medine et Emily Ratajkowski ont cliqué comme l’éclair pour obtenir le nouveau modèle de chemisier ou de robe d’abord dessiné par Marie Dewet, puis cousu par sa maman, Cléo. Chaque semaine, la marque prend les commandes à raison d’une trentaine de pièces – “le maximum qu’elle puisse honorer”. Elle fonctionne à taille humaine, sans stock et n’emploie que des tissus naturels de seconde main, comme la maison new-yorkaise d’accessoires Susan Alexandra ou encore Levens, label de joaillerie barcelonais. Mode exclusive. Mode durable. À la satisfaction de détenir une pièce unique, comme on aurait pu la commander chez le tailleur en 1900, le teenager et son ancêtre le millennial ajoutent celle d’encourager le développement de nouveaux modes de consommation. Et d’enrayer les dérives aussi éthiques qu’esthétiques de la fast fashion.

Comment est née Maison Cléo ?

Du constat que la mode marchait sur la tête ? Tout à fait. J’ai observé, lors de mes différents stages dans la mode, combien il coûtait de fabriquer un vêtement en France. Ça m’a ouvert les yeux sur le fait que les prix pratiqués aujourd’hui n’étaient pas justifiés. Impossible de trouver un haut made in France, en tissus naturel et au prix juste ! De là, j’ai demandé à ma mère de me coudre des tops en soie. J’ai créé un compte instagram sur lequel je postais nos créations, puis un site internet. C’est parce que les gens nous ont sollicitées qu’on a lancé Maison Cléo.

Chez vous, les ventes sont ouvertes tous les mercredis, à 18h30 précises...

Dans notre atelier, à Lille, il n’y a que des prototypes, pas de stock. Rien n’est fait à l’avance. Il y a bientôt deux ans, Leandra Medine a parlé de nous sur Man Repeller. En un éclair, ma mère et moi-même avons pris 40 commandes et nous avons dû fermer notre site d’un coup. Depuis ce jour-là, on ne l’ouvre qu’une fois par semaine pour vendre entre 20 et 25 pièces. Maman a deux semaines pour préparer et expédier la commande.

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Vous avez dit aux Inrocks : “ j’aime ce qui est ringard“. Pourquoi ?

Au boulot, on m’appelle “la mamie“ (Marie Dewet travaille à mi-temps chez Vestiaire Collective, ndlr). J’aime les vieux trucs, les vieux meubles... Aussi, j’adore Claude François et la série Zorro que regarde mon grand-père. Toutes ces blouses, ces robes avec des manches bouffantes... Je m’inspire beaucoup, aussi, du dressing de ma grand-mère.

Découvrez la suite de "Insta-couture" dans le prochain numéro de Jalouse. 

 
 

Crédits photos : Chloé Bruhat et Marie Dewet

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