Diane Ducret : "Le parfum révèle beaucoup de ce que l'on voudrait cacher de soi"
Vous êtes l'égérie de Signature, nouvelle fragrance féminine de Mont Blanc. Qu'est-ce qui vous a convaincue de vous lancer dans cette aventure ?
Les auteurs passent la majeure partie de leur temps débraillés et échevelés, seuls, à leur bureau, alors pour une fois que l'on me proposait de sortir de ma grotte, je n'allais pas refuser ! (rires). Plus sérieusement, la démarche de la marque, de s'adresser à une écrivaine plutôt qu'à une mannequin m'a séduite. Il y a là la possibilité de dire quelque chose de nouveau, qu'une femme qui pense et écrit peut aussi plaire, et inversement, que la beauté n'est pas exempte de profondeur.
En tant qu'auteure, vous entretenez une relation très particulière avec l'écrit. Quelle est votre perception de Mont Blanc, célèbre pour ses instruments d’écriture ?
Un classique. C'est un mot que certains veulent bannir de notre langage actuel. C'est à mes yeux au contraire le signe d'un intemporel, de ce qui dépasse les modes. Depuis plus de 100 ans, la marque a accompagné l'histoire de l'Europe, et d'une partie du monde. J'ai toujours avec le moi le stylo Montblanc offert par mon grand-père pour mon anniversaire, lorsque j'étais adolescente. Comme s'il s'agissait alors d'un cadeau précieux, avec lequel on signerait les actes de notre vie d'adulte.
Les marques misent habituellement sur des mannequins ou sur des comédiennes pour leurs campagnes, pensez-vous que la très bonne idée de mettre en avant une auteure soit le signe d'un renouveau dans la façon dont laquelle nous percevons la beauté et le luxe ?
Nous avons depuis plusieurs décennies réduit la beauté à une sorte d'accessoire, quelque chose de superficiel, et fait du luxe son corollaire marchand. En réalité, la beauté était déjà chez les grecs une vertu cardinale, le signe de la bonté de l'âme. Le luxe véritable ne va pas sans une certaine forme de liberté, de profondeur, de culture. J'ai la sensation que le besoin de retrouver du sens nous pousse à redéfinir la beauté et le luxe... Et c'est tant mieux !
Parlons parfum! Quel est votre lien avec celui-ci, êtes-vous fidèle au même ou aimez-vous en changer souvent ?
Là encore, sujet loin d'être accessoire! Le parfum c'est l'identité d'une personne, lié au sens le plus animal et en même temps le plus raffiné de l'Homme ! Je ne porte qu'un seul parfum, avec lequel je fais corps, avant d'en changer lorsque je mue et évolue. J'aime les notes naturelles, vanillées et légèrement ambrées.
Quelles sont les muses qui vous inspirent en matière de style et de beauté ?
Elizabeth Arden, Estée Lauder, des femmes qui ont construit des empires de style et de beauté par elles-mêmes !
Mademoiselle Chanel, pour son attrait du 'toujours moins' en termes d'accessoires et de maquillage. Marlene Dietrich, pour son porté du costume masculin qui faisait scandale, Rita Hayworth ou Lauren Bacall pour le glamour.
Je ne suis pas très 'influenceuses' actuelles. A trop vouloir être à la mode, beaucoup finissent par manquer de caractère et par se ressembler.
Votre odeur "Madeleine de Proust” ?
La lavande. Pourtant, ni ma Belgique natale ni mon Pays-Basque d'adoption ne sont des terres à lavande, mais c'est l'odeur de l'enfance heureuse à mes yeux.
L'ingrédient ou l’odeur qui vous repousse, et pourquoi ?
L'anis. Pourquoi ? Aucune raison, c'est une détestation purement gratuite!
Vous êtes célèbre pour vos portraits de femmes. Quel rôle joue selon vous la fragrance dans l'identité d'une femme, et l'image qu'elle renvoie ?
Le parfum révèle beaucoup de ce que l'on voudrait cacher de soi. Il fait résonner notre peau, entre en alchimie avec elle. Epicé, boisé ou fleuri, on affiche une tonalité différente, séductrice, forte ou enjouée. Mais je crois que rien ne définit l'image d'une femme. Ni son odeur ni sa tenue, elle ne se laisse pas enfermer. Elle seule décide de son image, son identité.
Signature de Montblanc, 88,50 euros les 50ml