Omar Apollo : "J’ai horreur que l’on compare ma musique à d’autres artistes"
Jouer aux oracles pop comporte, à l’image des jeux de hasard, des risques d’addiction mais surtout de ridicule. Il est arrivé que l’on se trompe, et que le succès de tel(le) artiste ne survive pas au crépuscule d’un lendemain qui pourtant chantait bien. Malgré tout, on mettrait volontiers quelques billes sur l’ascension d’Omar Apollo, deux décennies pas plus, une poignée de chansons à la ceinture, dans un registre évoquant un délicat mélange textile : 50 % coton, 50 % soie – le genre de matière dont certains songes sont faits, quand ils ne sont pas hérissés de barbelés: “Parfois je rêve de musique, je me réveille et enregistre ce dont je me souviens, mais je ne m’en sers jamais.” Qu’il nous permette de ne pas le croire: on jurerait que ces mélodies barbapapa en sont patiemment tissées.
On peut y entendre, si l’on tient à lui accoler des noms ronflants (il déteste ça, nous disait-il au téléphone un jour de juillet: “J’ai horreur que l’on compare ma musique à d’autres artistes, j’aimerais être simplement Omar.”), jetons ceux de Prince (ces temps-ci, son You’re My Love ne le quittait pas), Vampire Weekend (émergeant d’une longue sieste), D’Angelo. Sensuelle, soucieuse, sentimentale, sa musique emballe, dans tous les sens du terme. Ses baisers salés-sucrés prennent leur inspiration dans “(son) inconscient, des événements enfouis qui reviennent incidemment”.
Sur ce point aussi, Omar s’énerve, très poliment: “Je n’en peux plus de ces articles qui parlent de ma vie, tout le monde m’en parle, tout le monde sait ce qui m’est arrivé, j’aimerais bien passer à autre chose.” Ok, on lui a promis qu’on passerait notre tour et que sa biographie serait ici hors-champ. Son ascendance mexicaine ne le contraint à rien: “J’écris sur ce que je veux, il y a d’autres façons de faire de la politique, des concerts caritatifs par exemple. Mais je ne me sens pas de responsabilité politique.” S’il ne goûte guère le jeu des références et génuflexions devant les grands anciens, il cite en référence James Dean, natif de l’État de l’Indiana, où Omar a grandi. Considérant que l’acteur a connu une fin prématurée, on souhaite que le parallèle se limite à une coïncidence géographique.
Omar Appolo sera en concert à Paris le 19 novembre, au Badaboum.