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Lorraine Nicholson : "Je suis une lectrice compulsive”

Actrice, réalisatrice et productrice, elle est aussi la fille de Rebecca Broussard et Jack Nicholson. Ado, elle se définissait comme une combinaison de Grace Kelly et Elvis Presley. Aujourd’hui, à 29 ans, Lorraine Nicholson dit se situer plutôt entre Tennessee Williams et une extraterrestre !
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Lorraine Nicholson est née à Los Angeles le 16 avril 1990. “Être une California girl pour moi, c’est avant tout éviter le soleil ! Je ne veux pas avoir l’air d’avoir 100 ans avant l’heure.” Ses célèbres parents se séparent alors qu’elle a 4 ans. “Mes parents mènent chacun pleinement leur vie. J’ai appris ça d’eux : travailler avec acharnement et éprouver de la joie chaque jour. D’ailleurs le mantra de notre famille c’est : ‘Toujours plus de bons moments’.” À l’adolescence, Lorraine se définit comme “supernerd”. “J’étudiais comme si ma vie en dépendait. Mon premier amour artistique, avant le cinéma, c’était la littérature. Mon premier lien avec mon père. Je suis une lectrice compulsive.” Pas étonnant alors qu’en 2012 elle sorte diplômée de littérature de la Brown University avec l’idée de conjuguer écriture et cinéma, deux arts qui ont bordé son enfance. “J’ai grandi en regardant des films français. Je suis une grande fan de François Truffaut. Autant comme cinéaste que comme acteur ! Les Quatre-Cents Coups et Jules et Jim sont les premiers films français que j’ai vus. Ils ont eu un impact incroyable sur moi. Si Truffaut était en vie aujourd’hui, je ferais tout pour l’épouser.”

 

Elle écrit, dirige et produit
Lorraine Nicholson aime la France. “À Paris ma couleur préférée, c’est le cuir”, écrit-elle vêtue de cuir sur son Instagram, en posant avec une copine sur les marches d’un palace parisien. “Sur Instagram, vous postez des formules poétiques qui n’ont pas de sens et personne ne vous demande pourquoi. C’est fun.” Et au milieu de selfies à prendre au second degré, Lorraine Nicholson dévoile quelques pépites dont deux portraits d’elle par les peintres Henry Taylor et Gary Baseman. “Quand vous traînez avec des peintres, il y a de fortes chances pour que vous finissiez sur des peintures ! Quoi qu’il en soit, je me sens évidemment incroyablement honorée.” Et toujours selon le mantra familial qui préconise de s’amuser dès qu’on le peut, son premier post Instagram où elle pose en total look Chanel, est un clin d’oeil à son père. “Oui ! Ado, j’avais été invitée au bal du Crillon organisé par Chanel et mon père m’avait interdit d’y aller. J’étais effondrée.” Avec son père, elle n’ira donc pas au bal mais elle va faire ses premiers pas d’actrice, à 13 ans, dans Tout peut arriver, une comédie de Nancy Meyers. Puis en 2011, elle joue une surfeuse dans Soul Surfer, et en 2015 une as de l’informatique dans Hacker. Mais pour passer “toujours plus de bons moments”, Lorraine Nicholson ne se contente pas d’attendre les rôles. Elle écrit, dirige et produit des courts-métrages. “Je n’avais pas le choix. Personne ne voulait travailler avec moi ! J’étais inexpérimentée.” Life Boat, en 2017, suit une séance de thérapie de groupe entre un référent adulte et des ados qui tourne à la bagarre. “J’écris naturellement sur les ados, c’est un âge que je connais. J’adorerais réaliser La Fureur de vivre de ma génération, ce film des années 1950 m’a profondément marquée.” Life Boat a été sélectionné dans de nombreux festivals, dont ceux de Tribeca et de l’American Film Institute. Pour Lorraine Nicholson, tous les supports sont bons : clips, films ou web séries. “Il y a tellement de possibilités pour s’exprimer aujourd’hui, ce serait stupide de se limiter !” 

 

Des femmes passionnées
Le point commun à tout cela ? La passion de Lorraine Nicholson pour l’image et les comédiens. Son obsession du moment est l’histoire d’amour fou en noir et blanc Cold War, du Polonais Pawel Pawlikowski. “Un jour, j’adorerais travailler avec les deux acteurs (Joanna Kulig et Tomasz Kot, ndlr). Mon ambition serait d’inventer des histoires qui, comme Cold War, explosent tout ce que l’on peut imaginer de la vie.” La jeune cinéaste aime les authentiques originaux, celles et ceux qui incarnent des outsiders affranchis de tout, qui se laissent filmer dans tous les états. Pas étonnant qu’elle cite alors Jeanne Moreau ou Gena Rowlands. “Elles ont le tempérament déterminé des femmes avec lesquelles j’ai grandi : passionnées et un peu cinglées (sans offense, maman) !” Parmi ces femmes, il y a aussi Helena Kallianiotes, personnalité hors norme et actrice notamment dans Five Easy Pieces (de Bob Rafelson, en 1970, avec Jack Nicholson). “Helena est une seconde mère pour moi. Quand je vais la voir à Mexico : elle me hurle ‘Lance-toi !’ Elle a raison. Il est temps pour moi d’oser plus.” 

Consciente qu’elle vit dans une Amérique aux combats multiples, Lorraine Nicholson, via les réseaux sociaux, interpelle Trump sur l’écologie, participe à la marche des femmes et n’est pas indifférente au mouvement #MeToo. Pour elle, le film qui incarne le mieux “l’Américaine 2019” est bizarrement une oeuvre qui date de l’an 2000 : Erin Brockovich (de Steven Soderbergh, avec Julia Roberts). “Ce film montre une femme professionnellement ambitieuse, qui vit en même temps pleinement sa vie intime et sexuelle. Hollywood aujourd’hui s’intéresse davantage aux histoires du point de vue des femmes. C’est une chance pour moi.” La promesse peut-être de “toujours plus de bons moments” à venir ? “J’espère réaliser mon premier long-métrage cette année. Je travaille dur sur le scénario depuis longtemps, mais vous savez comment c’est à Hollywood : dépêche-toi et patiente !”

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