Icône indétrônable de la garde robe masculine, synonyme de pouvoir, de richesse et de réussite sociale, le costume a toujours été l’armure parfaite pour affronter mondanités et rendez-vous business. Mais en 2017, son ciel s’obscurcit, et sa pérennité se fait plus incertaine. La nouvelle année sonne-t-elle le glas de cet incontournable du paysage mode ? On se permet d’y songer.

Au cours de sa longue existence, le costume a abattu beaucoup de s&eacute;rieux adversaires. Survivant &agrave; l&rsquo;apparition du pr&ecirc;t-&agrave;-porter dans les ann&eacute;es 60, aux silhouettes hippies tirant sur le psych&eacute; des seventies, &agrave; l&rsquo;utilisation maladive de mati&egrave;res synth&eacute;tiques d&egrave;s les ann&eacute;es 80, ou encore au sportswear hiss&eacute; au rang de daywear dans les ann&eacute;es 90 et 2000, le costard semblait ne jamais devoir quitter le vestiaire de l&#39;homme. Mais c&rsquo;est sans compter sur ses plus gros d&eacute;tracteurs : la g&eacute;n&eacute;ration Z. Anti-conformiste, militant pour une r&eacute;volution autant stylistique que mentale, ces &laquo;&nbsp;millenials&nbsp;&raquo; &agrave; qui les plus grands labels font les yeux doux comptent bien enterrer le trois pi&egrave;ces avant leur majorit&eacute;.

Car oui, cette rel&egrave;ve qui a tout pour prendre les pleins pouvoirs r&eacute;fute l&rsquo;existence m&ecirc;me de l&rsquo;&acirc;ge adulte et sa supr&eacute;matie sur l&rsquo;adolescent, stade auquel les Z veulent rester inlassablement. Pour son absence de contraintes, son sentiment de libert&eacute;, son m&eacute;pris des codes sociaux. Et pour mener cette bataille, quoi de mieux que de manifester contre le symbole mode le plus fort de l&rsquo;opposition : le costume ? En amenant son parfait oppos&eacute; sur les podiums (comprenez le total look sweatpants, la sneaker dans sa version la plus litt&eacute;rale ) pour le d&eacute;cr&eacute;dibiliser. Une d&eacute;ferlante casual que l&rsquo;on voit aussi bien aux d&eacute;fil&eacute;s que dans la rue depuis quelques saisons : les banquiers arrivent au travail en jean et Stan Smith, la parka n&rsquo;a pas peur d&rsquo;afficher une influence clairement edgy et&nbsp;les chemises font place aux t-shirts blancs, parfois m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;effigie d&rsquo;un vieux groupe de rock. Chez les plus bespoke, la tension street se fait &eacute;galement ressentir : Ferragamo tape dans la sneaker (de luxe), Bottega Veneta remplace ses pantalons par des joggings, Dior Homme ram&egrave;ne la punk credibility avenue Montaigne, et on ne d&eacute;nombre qu&rsquo;un seul costume dans la collection printemps-&eacute;t&eacute; 2017 de Berluti.

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Même les grands noms du bespoke cèdent aux sirènes du streetwear.

Tous les signaux sont en alerte. Encore plus depuis que Demna Gvasalia, figure majeure du label V&ecirc;tements qui pr&ocirc;ne ce syndrome de Peter Pan comme fonds de commerce, a acc&eacute;d&eacute; &agrave; la direction artistique de la maison Balenciaga. Mais, &agrave; la surprise g&eacute;n&eacute;rale, c&rsquo;est une version &eacute;dulcor&eacute;e, revisit&eacute;e, un brin trashy du costume que nous a livr&eacute; le G&eacute;orgien pour sa premiere avenue George V. Bien que controvers&eacute;, la premier d&eacute;fil&eacute; masculin de la maison Balenciaga am&egrave;ne une s&eacute;rie de nouvelles proportions &agrave; la pi&egrave;ce en voie de disparition, le ramenant au sommet de ce qu&rsquo;on peut appeler la pyramide de la hype. Y aurait-il finalement une issue de secours pour le meilleur ami de l&#39;homme depuis plus de 3 si&egrave;cles ?&nbsp;

Oui, et elle serait plus &eacute;vidente que pr&eacute;vue : rendre le costume plus tendance encore que le streetwear. C&rsquo;est en revoyant son concept en profondeur (manches allong&eacute;es, coupe d&eacute;structur&eacute;e,&nbsp; couleurs criardes, finitions grunge) que les designers d&eacute;samorcent son obsolescence programm&eacute;e. A la mani&egrave;re de Lucas Ossendrijver chez Lanvin, qui lui insuffle une fluidit&eacute; jamais vue auparavant gr&acirc;ce &agrave; des mati&egrave;res techniques ultra l&eacute;g&egrave;res, Kris Van Assche chez Dior Homme qui le recouvre de broderies, ou encore les fr&egrave;res Caten qui le twistent de d&eacute;tails roots.

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Mais le coup de poing le plus retentissant reste la derni&egrave;re collection de Gosha Rubchinsky, fid&egrave;le disciple du label V&ecirc;tements et prot&eacute;g&eacute; de Rei Kawakubo, qui, apr&egrave;s avoir apport&eacute; le surv&ecirc;tement sigl&eacute; en russe sur les podiums, livre une version ultra bespoke de son homme underground lors du Pitti Uomo. Un d&eacute;tail tailormade par silhouette, du trois pi&egrave;ces au pantalon de smoking port&eacute; topless ou sur un t-shirt Fila. Conventionnel ? Non, mais le fait qu&rsquo;un des pionniers du casualwear edgy se lance dans le sartorial prouve bien que le costume n&rsquo;est ( toujours ) pas mort, et qu&rsquo;il compte bien revenir au galop.&nbsp;

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Faut-il brûler son costume en 2017 ?

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