Et si Christian Löffler était le musicien électro qu'il nous manquait ?
Est-ce que la musique électronique était le seul champ d’expression musicale que vous ayez envisagé ?
C’était ma seule chance. J’étais trop paresseux pour étudier la musique ou apprendre à jouer d’un instrument. Je déteste répéter…et j’adore trouver des solutions par moi-même. Les perspectives que m’offraient un ordinateur étaient fascinantes, il me permettait d’apprendre beaucoup, très vite. Je joue du piano pour trouve des mélodies, et aussi de la guitare électrique, branchée à des pédales d’effet pour élaborer des atmosphères et des textures.
Vous soulignez souvent l’importance qu’a pour vous de vivre dans le nord de l’Allemagne, proche de la mer et de la nature, son influence sur votre processus créatif. Avez-vous déjà essayé de composer dans un autre environnement, plus ensoleillé ?
Jamais. J’ai tendance à trouver les paysages brumeux, froids et pluvieux plus intéressants…Je trouve plus d’inspiration dans un ciel gris que bleu. Je préfèrerais toujours la Scandinavie, l’Ecosse ou le Bretagne que les mers du sud. Mais j’ai écrit Myiami, à Miami Beach…Le plus drôle c’est qu’exceptionnellement il pleuvait, et qu’à travers la fenêtre du studio je voyais les palmiers agités par le vent!
Vous n’avez pas étudié la musique, mais vous commencez à intégrer des instruments organiques à vos compositions. Est-ce une nouvelle direction possible pour vous?
Ces derniers temps, je joue de nouveau souvent de la guitare. Je le faisais il y a longtemps, et il me semblait que c’était le bon moment. Ma collaboratrice de longue date, Mohna, joue de la clarinette, y compris sur scène avec moi. Je suis sur le point d’acheter un marimba pour l’intégrer à mes expérimentations.
D’où viennent vos inspirations ?
La plupart viennent de l’art. Je collectionne les catalogues et les monographies.J’adore la peinture de Miriam Vlaming, Kris Knight ou Elizabeth Peyton par exemple.
Vous sentez-vous à l’aise dans la scène électronique actuelle ?
Je n’y pense plus tellement. C’était différent à mes débuts…J’écoutais des musiques tellement différentes que je n’avais pas le sentiment de suivre une scène en particulier. Et je ne me considère pas comme quelqu’un faisant de la musique électronique.
Avez-vous cependant le sentiment qu’elle semble acquérir une dimension plus introspective, plus responsable et moins obsédée par la dimension festive ?
J’espère…J’ai joué un soir sur une plage Mexicaine. Le lendemain matin, elle était jonchée de détritus. C’était un spectacle épouvantable.
Quel était le premier son qui vous a ému ?
Enfant, à écouter le vent dans les arbres, avec le chant des oiseaux en arrière-plan. Cette ambiance me calmait instantanément.
A quoi ressemble la musique quand vous en rêvez ?
Curieusement, je ne rêve jamais de musique. Et quand c’est le cas, je ne m’en souviens jamais. Une fois, j’étais à demi-assoupi, et j’ai rêvé que j’étais dans un studio, à jouer de la guitare…Tout semblait facile, et les chansons venaient aisément. Je n’ai jamais réussi à les reproduire. A moins qu’elles aient trouvé leur chemin sur Graal…
Votre nouvel album s’appelle Graal (Prologue). S’agit-il du premier chapitre d’une série ?
Oui. Il y aura un autre disque d’ici la fin de l’année, puis un épilogue. Ils formeront un ensemble, musical et artistique. Graal s’accompagne de dessins et le prochain présentera des tableaux plus récents. A mes yeux, la musique raconte une histoire. C’est pour cela que j’adore imaginer des albums, même en 2019, quand il n’est question que de playlists et de singles…
Quels sont les adjectifs que vous aimez voir associés à votre travail et ceux que vous détestez ?
J’aime bien « romantique », ou que l’on dise que je fais de la house contemplative. Mais pas tellement que je sois « un DJ »….
Quelle sont les drogues de prédilection ?
Le silence. Le bruit des vagues s’écrasant sur des rochers. Et le bon café.
Album : Graal (Prologue) (Ki Records)
Remerciements particuliers à Virginia Resende.