Voici le meilleur album pour survivre au couvre-feu
A ma gauche, Kacy & Clayton, duo canadien aux solides racines country, protégés du génial Jeff Tweedy, du non moins génial groupe américain Wilco, et à ma droite, Marlon Williams, soyeux crooner néo-zélandais, star en son pays, adoubé par Springsteen, acteur occasionnel (on l’aperçoit dans A Star is Born de Bradley Cooper), dont l’écriture agile évoque irrésistiblement Roy Orbison. (On recommande chaudement son concert donné pour la série NPR Music Tiny Desk Concert https://www.youtube.com/watch?v=Ab8YnmHB6tE). A l’image des applications de rencontres aux algorithmes capricieux, il arrive que les blind dates débouchent sur des catastrophes épiques - ou sur un coup de foudre. Et c’est bien une foudre divine qui s’est abattue sur ces trois musiciens : Plastic Bouquet, leur album collaboratif, est une splendeur. Un esprit chagrin trouverait leurs chansons passéistes. Si l’ambiance est plus aux batteries caressées par des baguettes balais, aux cordes en nylon des guitares effleurées et aux chœurs croisés qu’au vocodeur ou aux séquenceurs, l’excellence de l’écriture catapulte l’auditeur dans un espace temps détaché de toute contingence - une bénédiction, donc. Valses délicates, envolées lyriques façon mélodrames hollywoodiens, confidences murmurées : ce Plastic Bouquet pas en toc est d’or fin.
Kacy & Clayton and Marlon Williams : Plastic Bouquet (New West Records/Fargo)