Pop Culture

Automatic, le girls band approuvé par Hedi Slimane

À l'occasion du premier concert de leur tournée européenne, jeudi dernier au Supersonic à Paris, nous avons rencontré Izzi Glaudini, Halle Saxon et Lola Dompé, ou le trio Automatic, dernière découverte musicale d'Hedi Slimane. Mais surtout une voix féminine dans les micros post-punk, qui en avaient terriblement besoin.
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Le 27 septembre dernier, le show Celine se rythmait d'un trio basse-batterie-synthé, alors qu'une voix froide et languissante entonnait "and even now you must agree / emotion's always out of reach". Cette ambiance de flip assumé, c'est Calling It, single que l'on doit à Automatic, ou trois filles de L.A. fans de Suicide et de Neu!, qui acceptent volontiers l'étiquette post-punk, "si les gens ont besoin de le nommer". Réunies fortuitement par les bars underground de Los Angeles (c'est d'ailleurs là qu'elles avaient plusieurs fois croisé Hedi Slimane il y a quelques années), elles ont commencé à improviser en 2017, prenant leur nom à un morceau de The Go-Go's, groupe exclusivement féminin des années 80. Pas de concept, mais beaucoup d'inspirations "pas nécessairement féminines", leur album Signal est un concentré rythmique hyper efficace, avec les lignes de basse assurées et inventives de Halle, la batterie carrée et énergique de Lola, et un synthé chimérique, qui annonce bien le ton que la voix lascive et désintéressée de Izzi adopte à la mesure suivante, pour parler surtout de "la sensation de ne pas être à sa place". Le résultat, c'est un peu comme si New Order avait rencontré Laura Palmer et qu'ils avaient fait la bande-son de Drive, dans un univers parallèle. 

Un album qui se laisse écouter de A à Z, et laisse l'impression obsédante de conduire sans but sur une autoroute californienne, ce que confirment les uniques paroles de Highway, "I'm driving all night". Que leur musique ait des airs de bande originale, c'est "le plus beau compliment qu'on puisse leur faire", disent-elles à l'unisson. Rien d'étonnant finalement, pour ces musiciennes qui ont élu la ville des anges comme laboratoire d'expérimentation. Terreau favorable à toute une scène musicale DIY, c'est aussi pour elles la ville de prédilection de David Lynch, et elles en louent "l'étrangeté, qui est partout, même à Beverly Hills (surtout à Beverly Hills, en fait)." Ce goût cinématographique se révèle aussi dans leur identité visuelle, fruit d'une réflexion à trois. "Il y a clairement une palette de couleurs bien définie", confirme la chanteuse Izzi. Si elle a été brièvement assistante styliste avant de faire de la musique, et était au courant que Hedi Slimane avait habillé David Bowie, c'est plutôt Lola (la batteuse) qui accorde le plus d'importance à leur image. Mais ce qui prime, c'est qu'en mélangeant leurs styles, chacune y trouve son compte. En rouge et noir, collants résille pour l'une, perfecto et t-shirt de groupe pour l'autre, et bob rose sur cheveux noirs pour la dernière, ce girls band d'un genre nouveau a réussi à provoquer un pogo dans l'audience surexcitée de la salle parisienne. "C'est la première fois que ça nous arrive, c'est fou", se réjouit la bassiste Halle après le concert.

Une atmosphère électrisante dont on ne sait pas très bien si elle est due à l'énergie du trio, à une hype grandissante, ou à l'affirmation d'un girl power du XXIème siècle. Un savant mélange des trois, probablement, qui assène un sacré coup à la norme "guys with guitars". Celles qui ne trouvaient pas leur place s'en sont visiblement fait une de force. 

Remerciements au Supersonic.

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Calling It
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