3 raisons de succomber à Russian Doll, nouvelle pépite déjantée de Netflix
Une anti-héroïne au fort pouvoir d'identification
Ce n'est pas son jour...Nadia, ingénieur informatique au look de rock star eighties jouée par l'excellente Natasha Lyonne (déjà épatante dans Orange Is The New Black et co-créatrice de Russian Doll avec Amy Poehler), est condamnée à revivre l'anniversaire de ses 36 ans à l'infini. Mais à chaque fois, elle finit par mourir, d'une façon ou d'une autre. Il y a de quoi déprimer. Mais Nadia a le sens de l'humour (noir). « S'amuser, c'est pour les nazes » ; « C'est en restant négative que j'arrive à rester jeune » s'exclame-t-elle ainsi, pleine d'auto-dérision dans le premier épisode. Episode durant lequel elle déplore que son compagnon, le chat Flocon, se soit fait la malle dans les rues de New York. « Mon chat m'a quitté, ça fait trois jours qu'il n'est pas rentré » se lamente-t-elle lors de sa birthday party devant deux amies ultra lookées. Commence alors une quête noctambule (retrouver son chat puis les raisons de ses morts successives). Une route pavée d'embûches et de débauche : Nadia couche avec des inconnus, fume des joints, picole et mène sa vie comme une gamine de 22 ans. On pense souvent en voyant cette célibataire sexy à un croisement entre Sarah Jessica Parker, Daria et les héroïnes de Absolutely Fabulous. En fait, Nadia, c'est un peu la Lena Dunham des trenternaires blasées du New-York hype.
Décor, bande-son et guests stupéfiants
C'est beau une ville la nuit, surtout New York...L'atmosphère joliment filmée de la Big Apple nocturne et interlope dans lequel évoluent les héros de Russian Doll est l'un des grands atouts de la série. Avec sa bande son. On y entend du rock 60's (Harry Nilsson, Love) et surtout beaucoup de rock indé contemporain. John Maus, Ariel Pink, Anika, Cass McCombs, The Limiñanas, Timber Timbre...Enfin, il y a les guests : Chloë Sevigny, grande amie hors écran de Natasha Lyonne qui fait une apparition ou encore Waris Ahluwalia, acteur, joailler et designer vu chez Wes Anderson.
Crédit photo : Compte Instagram de Chloë Sevigny
Un sous texte existentiel
L'errance de Nadia a des airs de quête existentielle. Elle cherche son chat, un SDF croisé un soir, un homme qui semble avoir les mêmes soucis qu'elle, une reconnexion avec ses racines juives, mais que cherche-t-elle vraiment ? Derrière ses interrogations se jouent de profondes réflexions métaphysiques sur le temps qui passe, le destin et l'éternel retour du même. A chaque fois qu'elle meurt, elle revient dans la salle de bain de sa fête d'anniversaire. Comme si tel un hamster dans une roue, nous étions condamnés à revivre toujours la même chose, peu importe nos choix. Est-ce que vivre quand on se sent paumé, ce n'est pas vivre à moitié tel un fantôme visitant sa propre existence comme un songe ou un décor de théâtre irréel ? Derrière les punchlines et les blagues, la mélancolie de la série rend le show encore plus palpitant. Avec un ton tragicomique évoquant les films La Mort Vous Si Bien et Beetlejuice qui dédramatise le tout. La morale de l'histoire ? Comme le dit le rabbin dans l'épisode 3 (le meilleur de la série), "embrasser l'abysse, c'est la seule façon d'aller de l'avant."
Russian Doll, série comique américaine de Natasha Lyonne, Amy Poehler et Leslye Headland. Saison 1 en ce moment sur Netflix, huit épisodes de 24 à 30 minutes.