Place Vendôme, les femmes sont en majesté. Pas seulement les clientes, venues choisir parmi de  somptueuses pièces de haute joaillerie, mais aussi les créatrices, qui renouvellent sans cesse la tradition et mettent en valeur des pierres merveilleuses.

&ldquo;On ne peut pas se contenter de proposer ce qui existe d&eacute;j&agrave;.&rdquo; Spontan&eacute;e et d&rsquo;un naturel d&eacute;routant, Claire Choisne, la directrice artistique de la maison Boucheron, s&eacute;duit par sa franchise : &ldquo;Il faut beaucoup travailler pour avoir la chance de se retrouver &agrave; la t&ecirc;te de la cr&eacute;ation d&rsquo;une des maisons de la place Vend&ocirc;me.&rdquo; Et &ecirc;tre une femme change-t-il quelque chose ? &ldquo;Pour faire ce m&eacute;tier, que l&rsquo;on soit un homme ou une femme, il faut &ecirc;tre fort.&rdquo; Malgr&eacute; sa taille, 1,82 m, Claire ne nous prend pas de haut &ndash; &ldquo;Je suis la plus petite de la famille, s&rsquo;amuse-t-elle. Je ne veux pas me faire remarquer. Je suis plut&ocirc;t timide d&rsquo;ailleurs.&rdquo; Une &ldquo;fausse &agrave; l&rsquo;aise&rdquo;. Tiens donc ! N&eacute;e dans les ann&eacute;es 1970, Claire se retrouve lyc&eacute;enne &agrave; Annecy. Elle s&rsquo;imagine sans trop de conviction devenir architecte. Mais le hasard, qui fait souvent bien les choses, en d&eacute;cide autrement. &ldquo;J&rsquo;ai une maman poule qui s&rsquo;inqui&eacute;tait pour mon avenir. C&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; elle et &agrave; une de ses rencontres que j&rsquo;ai int&eacute;gr&eacute; la meilleure formation en joaillerie de France.&rdquo; Elle passe et r&eacute;ussit le concours d&rsquo;entr&eacute;e de l&rsquo;&Eacute;cole priv&eacute;e de la bijouterie BJOP au 58, rue du Louvre, &agrave; Paris. De 1994 &agrave; 1997, elle soude, lime, scie, s&#39;exerce aux emmaillements et aux fermoirs.&nbsp;

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D&rsquo;abord cr&eacute;atrice de bijoux pour Loiseau Kebadjian, elle cr&eacute;e en 1998 sa propre entreprise. Trois ans plus tard, elle prend les commandes du studio de cr&eacute;ation du joaillier Lorenz B&auml;umer. Et c&rsquo;est en 2011 qu&rsquo;elle rejoint Boucheron. Sa collection de haute joaillerie &ldquo;L&rsquo;Artisan du r&ecirc;ve&rdquo;, pr&eacute;sent&eacute;e &agrave; la Biennale des antiquaires de 2012, d&eacute;voile tout le talent de la jeune femme et son exigence. &ldquo;Je n&rsquo;aime pas les choses gratuites. Nous devons apporter de la magie, inventer une histoire, une &eacute;motion, nous confronter aux nouvelles technologies et les mettre au service des gestes et d&rsquo;un savoir-faire. Cr&eacute;er un joli bijou n&rsquo;est pas suffisant. La maison et ses cent-soixante ans d&#39;existence demandent plus : de l&rsquo;audace.&rdquo; Une audace qu&rsquo;elle conjugue &agrave; l&rsquo;&eacute;motion, n&rsquo;h&eacute;sitant pas &agrave; faire sienne la devise de Fr&eacute;d&eacute;ric Boucheron : &ldquo;Notre raison d&rsquo;&ecirc;tre est de cr&eacute;er l&rsquo;&eacute;motion.&rdquo; Avec en t&ecirc;te cette question : jusqu&rsquo;o&ugrave; pousser le curseur ? Tout semble possible pour Claire. Comme d&rsquo;imaginer pour la collection &ldquo;26, Vend&ocirc;me&rdquo; une cape en or, aux motifs de plumes de paon, animal f&eacute;tiche de la maison, qui, par une prouesse technique, vient envelopper celle qui la porte.

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Claire accepte donc de passer des milliers d&rsquo;heures sur une pi&egrave;ce, &ldquo;et ce n&rsquo;est pas juste pour prendre son temps. C&rsquo;est un travail d&rsquo;&eacute;quipe. Chacun doit donner le maximum, pour que le r&eacute;sultat soit parfait&rdquo;. Obnubil&eacute;e, obs&eacute;d&eacute;e par chaque d&eacute;tail, cette brune &agrave; queue-de-cheval haute et jupe tutu avoue que joaillier n&rsquo;est pas un m&eacute;tier facile : &ldquo;Je dois sans cesse me r&eacute;inventer. Susciter r&eacute;actions et d&eacute;sirs.&rdquo; Mais comment tient-elle, si elle ne s&rsquo;arr&ecirc;te jamais ? &ldquo;Le moment id&eacute;al pour trouver des id&eacute;es est celui entre l&rsquo;&eacute;veil et le sommeil, cette phase d&rsquo;entre-deux stimule mon imagination. Je dois juste me souvenir des id&eacute;es trouv&eacute;es le lendemain&rdquo;, s&rsquo;amuse-t-elle. &ldquo;Il arrive aussi que mes batteries soient &agrave; plat&rdquo;, avoue-t-elle &ndash; nous voil&agrave; rassur&eacute;e. Mais elle poursuit : &ldquo;Mon corps est &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t, ma t&ecirc;te jamais.&rdquo; D&eacute;cid&eacute;ment ! &ldquo;La place Vend&ocirc;me, c&rsquo;est le summum. On se doit de montrer la voie, d&rsquo;&ecirc;tre avant-gardiste. Quand j&rsquo;arrive chaque matin et que je d&eacute;couvre la colonne, je me sens mise au d&eacute;fi.&rdquo; La t&ecirc;te dans les nuages et les pieds sur terre, Claire est une fille bien dans son &eacute;poque, moderne et vivante, pr&ecirc;te &agrave; d&eacute;fier le temps. &ldquo;Raconter des choses pour aujourd&rsquo;hui et pour demain, ce n&rsquo;est pas antinomique.&rdquo; Alors, quand on lui demande de d&eacute;signer sa pi&egrave;ce pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e, elle r&eacute;pond du tac au tac : &ldquo;La prochaine.&rdquo;

www.boucheron.com

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Claire Choisne : "Je dois sans cesse me réinventer"

L'Officiel Paris - Issue 1064 - Natalie Portman

Claire Choisne : "Je dois sans cesse me réinventer"

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