Fashion Week

Le triomphe de l'unisexe

De plus en plus de marques choisissent l’option du défilé mixte. Sur les podiums, les silhouettes baptisées “coed” brouillent les clichés et interrogent sur l’avenir de l’industrie de la mode.

Février 2017, fashion week femme, New York. Raf Simons, à l’occasion de sa première collection pour Calvin Klein, joue la carte du défilé mixte. Dans un décor signé Sterling Ruby, avec en bande-son This Is Not America, de David Bowie, femmes et hommes défilent de concert dans des looks similaires : mêmes ensembles prince-de-galles, mêmes pardessus recouverts d’un film plastique, mêmes boots de cow-boy, tops unisexes qui dévoilent torses et poitrines, recouverts d’un simple voile couleur chair, auquel s’accrochent des manches en maille légèrement bombées. Des vestiaires semblables, mélange de sensualité et de melting-pot américain, qui contournent les stéréotypes de genre. Raf Simons n’est pas le seul à jongler avec les codes traditionnels de la féminité et de la masculinité, plus dans un souci stylistique que par revendication. Lors du défilé Prada homme automne-hiver 2017/18 à Milan, les mannequins Natalie ­Westling et Mikolaj Kajak défilent chacun à leur tour dans le même ensemble veste pantalon en velours marron.

Qui sont ces jumeaux de style, des copains qui fusionnent dans un mimétisme inconscient ou un couple qui fait vestiaire commun ? Chez Gucci, les hommes portent dentelles, imprimés de fleurs, sequins et autres attributs autrefois réservés aux femmes, quand Haider ­Ackermann, pour son premier défilé Berluti, glisse les tomboys Jamie Bochert et Saskia de  Brauw parmi ses mannequins hommes. Surnommés “coed” en anglais, terme tiré du nom des écoles mixtes (“co-­ educational”), les défilés mixtes avaient débuté timidement en 2016 avec Gucci, Burberry ou Bottega Veneta. La liste des participants s’allonge de mois en mois. Les frontières entre vestiaires sont désormais perméables, et les silhouettes sont, sans conteste, moins stéréotypées que par le passé. À plus ou moins forte dose, la binarité homme/femme n’ayant pas disparu. Emmenée par des marques avantgardistes – J.W. Anderson, Y/­ Project, Grace Wales Bonner, AVOC – sur le terrain du no gender, l’industrie de la mode s’interroge. L’enjeu est double : économique, mais aussi sociologique.

Gucci printemps-été 2017.

Les nouvelles règles du jeu

“D’une certaine façon, on devrait parler plutôt de mode all genders que de mode no gender.” Serge Carreira
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Berluti automne-hiver 2017/18
Prada automne-hiver 2017/18
Prada automne-hiver 2017/18

Braver les convenances

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J.W. Anderson automne-hiver 2017/18.
Vivienne Westwood automne-hiver 2017/18.
Vivienne Westwood automne-hiver 2017/18.

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