Trois romans, trois regards : les pépites littéraires de ce mois de juin
Humour noir, renaissance et émotions filiales tissent la trame de ces trois récits marquants.
En ce mois de juin, la littérature française nous offre un triptyque d'émotions contrastées, porté par trois voix singulières qui auscultent nos failles, nos combats, nos fantômes. Entre un road-trip sanglant et burlesque, une renaissance sur fond d'épicerie fine, et la fragile tendresse d’un lien mère-fille, voici trois romans qui ne laisseront aucun lecteur indemne.
Clamser à Tataouine, de Raphaël Quenard : l’irrévérence comme art de vivre (et de mourir)
C’est une claque littéraire, une déflagration verbale. Raphaël Quenard, acteur à la gouaille inimitable, déboule en librairie avec un premier roman aussi dérangeant que jubilatoire. Clamser à Tataouine suit les errances d’un jeune homme désaxé, qui transforme sa haine sociale en projet funeste : tuer, classe après classe, ceux qui symbolisent son échec.
Mais ce récit de sociopathe n’est pas un simple thriller. C’est un exercice de style flamboyant, une satire sociale au vitriol, servie par une langue fulgurante, électrisée d’argot et de formules débridées. Raphaël Quenard fait de son personnage un miroir tordu de notre époque, un anti-héros qui fascine autant qu’il révulse. À ne pas mettre entre toutes les mains, mais à lire absolument pour qui aime les textes qui grattent là où ça fait mal.
Laisse aller, c’est une valse, de Delphine Plisson : l’élégance de tomber pour mieux se relever
Delphine Plisson, que l’on connaît pour sa passion des bonnes choses et sa verve ensoleillée, nous livre ici un roman à son image : généreux, savoureux, profondément humain. Laisse aller, c’est une valse raconte l’histoire de Brune, 40 ans, fauchée mais pas brisée, qui décide de tout plaquer pour ouvrir une épicerie gastronomique. Un pari fou ? Peut-être. Mais une valse ne se danse-t-elle pas en risquant parfois de perdre l’équilibre ?
Avec une plume vive, drôle, et pleine de tendresse, Delphine Plisson signe un hymne aux secondes chances, à la persévérance féminine et à l’art de jongler avec la maternité, l’amour, l’entrepreneuriat et les doutes. Un roman feel-good au sens noble, qui donne faim de vivre et de croire encore en ses rêves, même cabossés.
Les heures fragiles, de Virginie Grimaldi : les silences d’une mère, les larmes d’une fille
Virginie Grimaldi poursuit son exploration sensible de l’intime avec Les heures fragiles, un roman bouleversant sur les liens entre une mère et sa fille adolescente, toutes deux ébranlées par des pertes différentes, mais unies par une même détresse muette.
Diane, fraîchement quittée, s’effondre sans comprendre que Lou, sa fille de seize ans, s’abîme aussi. Alors, doucement, avec cette justesse émotionnelle qu’on lui connaît, Virginie Grimaldi tisse un récit pudique, lumineux, sur la reconstruction, le pardon, et ces instants suspendus où l’amour devient la seule planche de salut. Une lecture qui serre le cœur, éclaire les zones d’ombre de la parentalité, et nous rappelle que les heures fragiles sont souvent les plus précieuses.