Que faut-il retenir de la cérémonie des Oscars 2019 ?
RAMI MALEK ET OLIVIA COLMAN SACRÉS MEILLEURS ACTEURS
C'était l'un des Oscars les plus prévisibles de la soirée tant Rami Malek avait déjà fait des vagues tout au long de cette campagnes aux trophés. Après avoir rafflé un Golden Globe, un SAG Award et un BAFTA, l'acteur de 37 ans a été hier soir récompensé par l'utilme prix : l'Oscar du Meilleur Acteur pour son interprétation de Freddie Mercury dans Bohemian Raphsody. Lorsqu'il est monté sur scène, l'acteur a expliqué ce que ce prix signifiait pour lui : "J'aimerais dire au petit Rami qu'un jour cela pourrait lui arriver et je pense que son esprit de petit garçon aux cheveux bouclés serait ébloui. Ce petit garçon avait du mal à trouver son identité mais regardez, aujourd'hui on fait un film sur un homosexuel, un immigrant, qui a vécu sa vie sans rendre de compte à qui que ce soit !". Ce fut donc une nuit mouvementée pour Rami Malek qui a terminé la soirée entre les mains des agents de premiers secours après être littéralement tombé de la scène lors de la photo finale.
L'autre grande gagnante de cette 91ème cérémonie est l'Anglaise Olivia Colman, sacrée Meilleure Actrice pour sa performance dans La Favorite coiffant ainsi au poteau les grandes stars Glenn Close et Lady Gaga. Dans l'exhubérance, l'humilité et l'humour qui la caractérisent, Olivia Colman s'est adressée à Glenn Close : "Glenn, tu as toujours été mon idole, je ne voulais pas que ça se passe ainsi...". Cette victoire marque la fin d'une longue période de spéculations sur laquelle des deux actrices empocherait la statuette dorée le jour J.
GREEN BOOK DÉJOUE LES PRONOSTICS
Personne ne s'attendait vraiment à ce que le film de Peter Farrelly reparte avec l'ultime distinction de Meilleur Film. Et pourtant, l'histoire vraie de l'amitié entre un pianiste noir et son chauffeur blanc dans l'Amérique ségrégationniste des annés 1960 a séduit l'Académie et le monde entier par la même occasion, malgré les obstacles qui se dressaient pourtant sur sa route. Les internautes avaient en effet exhumé des tweets anti-musulmans du co-scénariste du film, Nick Villelonga, petit-fils du chauffeur Tony Lip, alors que le réalisateur Peter Farrelly avait été accusé de comportements obscènes et de gestes déplacés à l'époque où il réalisait des comédies dans les années 1990. C'est pourtant Green Book qui a coiffé tout le monde au poteau en devenant le symbole d'une Amérique réconciliée à travers cette amitié improbable.
GLENN GLOSE, GRANDE PERDANTE DE LA SOIRÉE
Septième nomination et septième défaite pour Glenn Close qui était nommée pour son rôle de Joan Castleman, une femme d'écrivain qui vit dans l'ombre de son mari et de son succès. Pourtant lauréate d'un Golden Globe et d'un SAG Award (où le syndicat des acteurs lui-même vote les récompenses), l'Américaine semblait destinée à (enfin) recevoir un Oscar. C'était sans compter sur la victoire similaire d'Olivia Colman lors des Golden Globes, juste avant que cette dernière n'empoche le BAFTA à Londres (un choix qui peut sembler logique puisqu'elle était l'une des favorites et sur ses terres natales). Si les pronostics allaient bon train, la balance penchait cependant envers Glenn Close, dont le parcours n'était pas sans rappeler un certain Leonardo Di Caprio, nommé six fois et qui avait fini par remporter la fameuse statuette en 2016 pour The Revenant. L'Académie des Oscars aurait finalement préféré la performance d'Olivia Colman à celle de Glenn Close qui a eu du mal à contenir sa décéption de repartir une fois de plus bredouille.
UNE CÉRÉMONIE SOUS LE SIGNE DE LA MUSIQUE
Sans présentateur pour la deuxième fois en trente ans, la cérémonie s'est ouverte sur une performance du feu de Dieu du groupe Queen accompagné par le chanteur Adam Lambert. Lady Gaga a quant à elle remporté la statuette de Meilleure chanson originale pour le titre Shallow tiré du film A Star is Born. Très émue, la chanteuse a rappelé au public qu'il ne fallait jamais cesser de travailler et de croire en ses rêves pour qu'ils finissent par se réaliser. Elle a de plus interprêté son titre aux côtés de Bradley Cooper en envoûtant le théâtre Dolby de Los Angeles avec tout le talent qu'on lui connaît.
LA DIVERSITÉ AVANT TOUT
Cette cérémonie marque un tournant pour les Oscars tant les nommés n'ont jamais autant été issu de la diversité. Black Panther repart avec trois statuettes pour Meilleurs costumes, Meilleure musique de film, et Meilleurs décors et direction artistique. Ruth E. Carter et Hannah Beachler, respectivement costumière et directrice artistique de Black Panther, sont les premières femmes noires à décrocher la statuette dans ces catégories, et les premières femmes noires à remporter un Oscar sans être des actrices. Regina King et Mahershala Ali remportent respectivement Meilleur actrice dans un second rôle et Meilleur acteur dans un second rôle pour leur rôle dans Si Beal Street pouvait parler et dans Green Book. Le réalisateur Spike Lee a quant à lui remporté l'Oscar du Meilleur scénario adapté pour son film BlakKklansman et a probablement prononcé le discours le plus engagé de la soirée en rappelant que les élections présidentielles américaines avaient lieu l'année prochaine et qu'il fallait se mobiliser pour faire le choix moral entre "l'amour et la haine". Cet Oscar marque également la première statuette pour le réalisateur américain qui sert depuis longtemps la cause noire dans ses films et se bat pour la diversité.