Le cinéma a-t-il perdu face aux séries TV ?
Je vais parler uniquement des séries et des programmes en VOD type Netflix n’étant ni producteur, ni consommateur de jeux vidéos. Sur un plan à la fois esthétique, dramatique et de production, nous vivons un changement fondamental. Passons sur les considérations purement économique puisque la proposition presque innombrable qui est faite aux spectateurs en matière de fiction – par le seul prisme de leur ordinateur – n’empêche en rien une croissance globale de la fréquentation et donc du chiffre d’affaires du cinéma. Ce sont deux démarches différentes. La salle de cinéma touche fondamentalement l’instinct grégaire qui est en chacun de nous. Ce besoin de se réunir est, je pense, une démarche qui ne changera jamais.
Face une programmation qui table massivement sur les blockbusters, qu’ils soient français ou américains, le marché du film à ambition un peu plus élevée devient de ce fait plus restreint. Concomitamment, chez Mandarin, nous avons développé depuis quatre ans un département télé non pas dans un but de compensation de frais généraux mais pour vraiment travailler sur des sujets plus riches, plus complexes, plus provocants qui n’ont plus leur place au cinéma. HBO puis Netflix ont ouvert la voie à un renouvellement du genre de la série. Nos sujets les plus sophistiqués, les plus élaborés, à moins qu’ils ne soient portés au grand écran par un metteur en scène de prestige qui continue à avoir une audience vivace, auront tendance à être de plus en plus développés pour la télévision.