Aaron Taylor-Johnson et Christopher Walken : un face-à-face magnétique pour Saint Laurent
Les acteurs incarnent deux âges du masculin dans une campagne cinématographique.
Dans le silence dense des images monochromes, Saint Laurent tisse pour l’hiver 2025 une histoire de contrastes, de regards croisés et de vérités non dites. Sous la direction artistique d’Anthony Vaccarello, la maison parisienne se pare de théâtralité pour offrir une vision cinématographique du masculin : un face-à-face entre l’élan fougueux de la jeunesse et la gravité tranquille de l’expérience.
Devant l’objectif de Glen Luchford, deux présences aimantent le regard : Aaron Taylor-Johnson, torse à demi-nu, sublime la sensualité charnelle d’un Saint Laurent des années 70, tandis que Christopher Walken, figure immobile et souveraine, incarne la mémoire d’une époque révolue, aussi tranchante que discrète.
Aaron Taylor-Johnson joue avec la lumière comme un danseur avec l’ombre. Son corps devient langage, ses expressions un poème de tension et de désir. Dans cette série de clichés en noir et blanc, chaque pli du cuir, chaque couture franche épouse la ligne de son mouvement. La caméra le suit dans une fièvre retenue, une quête presque fiévreuse d’intensité. Il est le feu.
Face à lui, Christopher Walken est la cendre. Son regard ne joue pas, il transperce. Il n’incarne pas, il habite. Sa gestuelle dépouillée, ses silences lourds d’histoire forment un contrepoint parfait à la fébrilité de son cadet. Dans le court-métrage qui accompagne la campagne, il avance sans bruit, presque en retrait, mais toujours central. Il ne cherche pas à briller, il éclaire autrement — d’une lumière froide, cérébrale, profondément humaine.
La collection elle-même devient alors un acteur silencieux de cette mise en scène. Les matières riches — cuir structuré, laine sculptée — se révèlent dans les jeux subtils d’ombre et de relief. La photographie, inspirée des compositions classiques de Robert Mapplethorpe, mêle érotisme contenu et rigueur architecturale. On ne regarde plus une série de vêtements, mais les traces visibles d’un récit intérieur.
La campagne se clôt sur une impression d’apaisement. Le tumulte a laissé place à la respiration. L’émotion brute a cédé devant la sérénité. Comme un théâtre après le dernier acte, tout est calme — mais rien n’est oublié. Chez Saint Laurent, l’hiver ne fige pas : il révèle.