“Untypical Girls”, un livre sur les femmes de la révolution rock
Regrouper plusieurs générations de femmes atypiques, d’origines diverses, avec pour points communs leur rébellion et leur passion pour le rock : c’est l’excellente idée du livre Untypical Girls. Au travers de photos rarement vues, entrecoupées d’interviews de musiciennes, Sam Knee explore une ribambelle de courants musicaux électrisants qui ont émergé de 1977 à 1993.
Le sous-titre en dit long : “Les styles et les sons de la révolution indie trans-atlantique”. Car c’est bien de révolte et d’indépendance qu’il est ici question. Contre quoi ? À la fin des années 1970, la condition de la femme dans le rock ne fait pas vraiment rêver. L’explosion punk vient changer la donne en propageant l’esprit DIY (Do it yourself, qu’on pourrait traduire par “Faites-le vous-même”). De fortes figures féminines viennent contrer le machisme ambiant. The Slits, Siouxsie Sioux et Poly Styrene (X-Ray Spex) ont été des pionnières en la matière. Désormais, il n’est plus nécessaire d’être une beauté pomponnée ou de porter des vêtements impeccables pour jouer de la musique.
Des deux côtés de l’Atlantique, aux États-Unis comme au Royaume-Uni, des sous-cultures se développent pour former ce qu’on appelle aujourd’hui l’indie, ou le rock indépendant. Les “filles atypiques” y tiennent une place centrale, soit dans des troupes entièrement féminines, soit en tant que musiciennes à part entière au sein de groupes mixtes. Le livre met aussi en avant des photos d’anonymes, activistes féministes, étudiantes ou fans de musique dont les looks et le style n’ont rien à envier aux artistes qu’elles écoutent. Sur scène ou dans le public, lors de manifestations ou simplement à domicile, elles sont au premier plan de tous les clichés regroupés dans ce recueil.
Dans cette galerie de portraits fougueux, pris sur le vif, on reconnaît des figures devenues incontournables dans l’histoire du rock : de Kim Gordon (Sonic Youth) à Courtney Love, de Patti Smith à PJ Harvey en passant par Poison Ivy (The Cramps), Kathleen Hanna (Bikini Kill) ou Joan Jett. Le livre s’intéresse aussi à des personnalités moins connues du grand public, mais qui ont laissé une trace indélébile dans le monde indie : Amelia Fletcher (Talulah Gosh), Rachel Goswell (Slowdive), Frances McKee (The Vaselines), Ana da Silva et Gina Birch (The Raincoats), Bilinda Butcher (My Bloody Valentine) ou encore Exene Cervenka (du groupe X) y ont leur place à juste titre.
Avec elles, on assiste à l’éclosion de plusieurs mouvements musicaux : punk et post-punk, new wave et no wave, shoegazing, hardcore, twee pop, riot grrrls, grunge… Toutes ces voix, trop longtemps reléguées aux seconds rôles, n’ont pas fini de se faire entendre, ni d’inspirer les générations suivantes.
