Oubliez le cliché de l’agence de mannequins austère où les talents se suivent et se ressemblent. GIRL, la dernière-née parisienne, se concentre davantage sur la personnalité que sur le physique de ses recrues – telles Camille Rowe, Léa Rostain et Adèle Farine –, et réincarne ainsi le concept de top modèle. Rencontre avec son fondateur, Olivier Lafrontière.

Paris compte un nouveau vivier de talents. Fond&eacute;e en novembre 2016, l&rsquo;agence Girl d&eacute;poussi&egrave;re le milieu du mannequinat : son mode de fonctionnement est innovant, ses crit&egrave;res de s&eacute;lection, atypiques. &Agrave; la t&ecirc;te de cette start-up &agrave; la m&eacute;canique d&eacute;j&agrave; bien huil&eacute;e&nbsp;: Olivier Lafronti&egrave;re, ex-agent de Next Paris qui, apr&egrave;s seize ans de m&eacute;tier, a d&eacute;cid&eacute; d&rsquo;&eacute;crire sa propre histoire. &ldquo;En cr&eacute;ant mon agence, je voulais montrer une autre envergure, une autre dimension de la mode. Dans le pass&eacute;, j&rsquo;avais soutenu de nombreux talents atypiques, dont Camille Rowe &nbsp;: ces filles &eacute;taient petites, fran&ccedil;aises, avec des formes, et elles ne d&eacute;filaient pas&hellip; J&rsquo;ai donc imagin&eacute; un d&eacute;veloppement commercial et &eacute;ditorial qui passerait essentiellement par les photographes, et non plus par un r&eacute;seau de d&eacute;fil&eacute;s. J&rsquo;&eacute;tais persuad&eacute; que ce syst&egrave;me pouvait marcher&nbsp;: je l&rsquo;avais test&eacute; plusieurs fois avec des newcomers comme Loulou Robert, &Eacute;l&eacute;onore Toulin&hellip;&rdquo;, nous raconte-t-il dans ses bureaux du 1er arrondissement, entre un exemplaire des Pens&eacute;es pour moi-m&ecirc;me de Marc Aur&egrave;le et un croquis de street art.&nbsp;

"J’ai effectivement couru après pas mal de filles pour les besoins du métier !"

Chez Girl, les canons ne sont pas les m&ecirc;mes. Olivier Lafronti&egrave;re marche au coup de coeur, et caste une bonne partie de ses mannequins dans la rue&nbsp;: &ldquo;J&rsquo;ai effectivement couru apr&egrave;s pas mal de filles pour les besoins du m&eacute;tier ! (rires) C&rsquo;est essentiel&nbsp;: ce que je veux, c&rsquo;est sentir l&rsquo;allure, la d&eacute;marche. Je veux me dire &lsquo;elle est cool&rsquo;, et non pas&nbsp;&lsquo;elle est belle&rsquo;. Mon regard est purement mode et h&eacute;t&eacute;ro&nbsp;: je n&rsquo;ai pas peur quand une jeune femme n&rsquo;est pas filiforme, du moment qu&rsquo;elle d&eacute;gage de l&rsquo;&eacute;motion, qu&rsquo;elle a du &lsquo;chien&rsquo;, comme on dit. Ce truc en plus donne envie de montrer un visage, de l&rsquo;interpr&eacute;ter et de le r&eacute;interpr&eacute;ter, en collaboration avec des photographes de haut vol.&rdquo; On pense forc&eacute;ment &agrave; Camille Rowe, la &ldquo;star&rdquo; de l&rsquo;agence, qui a suivi et soutenu Olivier Lafronti&egrave;re dans cette nouvelle aventure. Aux antipodes de la Scandinave au physique de liane, monnaie courante sur les catwalks, la Fran&ccedil;aise collectionne les contrats avec des marques de mode et de cosm&eacute;tiques, a r&eacute;cemment int&eacute;gr&eacute; l&rsquo;escadron Victoria&rsquo;s Secret, et entame aujourd&rsquo;hui une carri&egrave;re au cin&eacute;ma. Dans la veine de Camille, beaucoup des filles sign&eacute;es ici aiment faire de la musique, jouer la com&eacute;die&hellip; Girl est une p&eacute;pini&egrave;re.&nbsp;

"Je me suis toujours référé aux mangas : Albator, Cobra..."

Mais si la recette fonctionne, ce n&rsquo;est pas que par magie. L&rsquo;agence a une charte esth&eacute;tique et morale fermement &eacute;tablie&nbsp;: les mannequins sont form&eacute;s au droit et &agrave; la fiscalit&eacute; d&egrave;s la signature de leur contrat, les contributeurs (photographes, bookers, etc.) sont tri&eacute;s sur le volet. En mati&egrave;re de mode aussi, l&rsquo;exigence est de mise&nbsp;: &ldquo;J&rsquo;aime les v&ecirc;tements amples. En ce qui me concerne, je me suis toujours r&eacute;f&eacute;r&eacute; aux mangas&nbsp;: Albator, Cobra&hellip; Moins on voit le corps, plus le visage est mis en valeur, et plus &ccedil;a donne du style. Je veux des n&eacute;o-nonnes ! (rires) Cette d&eacute;marche nous permet de travailler avec davantage de talents, car elle exige des mensurations moins orthodoxes.&rdquo; Chez Girl, on aime le grain brut d&rsquo;Hugues Laurent, d&rsquo;Erick Faulkner ou encore de Harley Weir. Photoshop ? Conna&icirc;t pas. Un peu ovni donc, cette b&eacute;b&eacute; agence a d&eacute;j&agrave; propuls&eacute; une demi-douzaine de talents sur le devant de la sc&egrave;ne&nbsp;: Gaia Orgeas, Chloe Leduc, Anne-Sophie Monrad&hellip; Comme un symbole de cette success story, les hoodies &ldquo;Girl&rdquo; &agrave; t&ecirc;te de chat cr&eacute;&eacute;s &ldquo;comme &ccedil;a&rdquo; par Olivier Lafronti&egrave;re s&rsquo;arrachent d&eacute;j&agrave; chez Wasted Paris... Sacr&eacute;e nouvelle vague.

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