Internet a, une fois de plus, été le terrain d'un raté hier. À l’origine de la polémique, un sweatshirt au message à première vue inacceptable, initialement pensé comme un vecteur de sensibilisation contre le cyber harcèlement. Provocation gratuite ou démarche militante sincère ? Reprenons du début.

Hier, le site am&eacute;ricain de e-commerce <a href="https://www.revolveclothing.fr/" target="_blank">Revolve.com</a>, qui compte notamment parmi ses fans le mannequin <a href="https://www.instagram.com/emrata/" target="_blank">Emily Ratajkowski</a>, alimentait son site d&rsquo;une nouveaut&eacute; pour le moins choquante &mdash; un sweatshirt &agrave; message grossophobe. L&#39;article a depuis &eacute;t&eacute; retir&eacute; du site.

Une phrase anti-gros &eacute;crite entre guillemets, sous laquelle est indiqu&eacute; en (tr&egrave;s) petit : &quot;D&rsquo;apr&egrave;s ce qui a &eacute;t&eacute; dit &agrave; <a href="https://www.instagram.com/palomija/" target="_blank">Paloma Elsesser</a>&quot;. Si son nom ne vous dit rien, vous l&#39;avez tr&egrave;s probablement d&eacute;j&agrave; crois&eacute;e puisque ce mannequin grande taille a fait la une des magazines I-D et Vogue, et est apparue au sein des campagnes Nike et Glossier, pour ne citer qu&rsquo;elles.

Paloma Elsesser en une de I-D par Inez & Vinoodh

Paloma Elsesser pour Nike

Paloma Elsesser égérie Glossier

Revenons-en &agrave; nos&nbsp;sweatshirts. Ceux-ci&nbsp;faisaient, &agrave; l&#39;origine,&nbsp;l&#39;objet&nbsp;d&#39;une initiative contre le cyber-bullying. Une initiative en forme de&nbsp;collaboration entre la fondatrice du label <a href="https://www.lofficiel.com/fashion/createurs-stars-d-instagram" target="_blank">LPA</a>,&nbsp;Pia Arrobio, et cinq personnalit&eacute;s : l&rsquo;actrice Lena Dunham, les mannequins Emily Ratajkowski, Cara Delevingne, Suki Waterhouse et Paloma Elsesser. L&rsquo;objectif de cette collection capsule &eacute;tait de d&eacute;noncer les &quot;commentaires les plus abusifs&quot; auxquels sont confront&eacute;s de nombreux utilisateurs, famous et anonymes, sur les r&eacute;seaux sociaux.&nbsp;Alors que les exemples sont l&eacute;gion et qu&rsquo;ils nous concernent tous, on citera le &quot;trop maigre pour &ecirc;tre bais&eacute;e&quot; attaquant Cara Delevingne sur sa morphologie, mais aussi le&nbsp;&quot;On croyait que tu faisais de l&#39;exercice&quot; destin&eacute; &agrave; Ashley Graham, auquel elle r&eacute;torque &quot;Parce que les femmes qui ont de la cellulite et des bourrelets ne peuvent pas s&#39;exercer comme les autres ?&quot; &nbsp;Ashley Graham avait d&eacute;j&agrave; fait allusion aux critiques re&ccedil;ues concernant sa routine sportive en 2017, comme le rappelle <a href="https://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/ashley-graham-troll-instagram-body-shaming-comment-reply-cellulite-work-out-a8514451.html" target="_blank" title="The Independent">The Independent</a> : &quot;Pour info, je fais de l&#39;exercice pour &ecirc;tre en bonne sant&eacute;, me sentir bien, me remettre du d&eacute;calage horaire, me vider l&#39;esprit, montrer que les femmes rondes peuvent bouger, rester flexible et forte et pour avoir plus d&#39;&eacute;nergie. Je ne fais pas de l&#39;exercice pour perdre du poids ou mes courbes, j&#39;adore mon corps tel qu&#39;il est.&quot;&nbsp;

C&rsquo;est donc face &agrave; une erreur de communication catastrophique que se trouve confront&eacute;e la marque LPA et son gang militant &mdash; faute d&rsquo;explications suffisantes, les internautes sont pass&eacute;s &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une op&eacute;ration qui aurait d&ucirc; (r)&eacute;veiller les consciences : &quot;Les sweatshirts ont &eacute;t&eacute; mis en ligne sur le site de Revolve plus t&ocirc;t que pr&eacute;vu et j&rsquo;ignore pourquoi. Le but &eacute;tait d&rsquo;attirer l&rsquo;attention sur le caract&egrave;re horrible du &lsquo;trolling&rsquo;, et de reverser les b&eacute;n&eacute;fices des ventes de cette collection&nbsp;&agrave; l&rsquo;association &quot;Girls Write Now&quot; (&hellip;) Suite &agrave; ma demande, Revolve les a retir&eacute;s&nbsp;du site. Nous avions pr&eacute;vu un lancement accompagn&eacute; de toutes les explications n&eacute;cessaires &agrave; la compr&eacute;hension de notre d&eacute;marche. L&rsquo;objectif &eacute;tait de cr&eacute;er l&rsquo;effet compl&egrave;tement inverse.&quot;

Impardonnable, ce malentendu&nbsp;monumental prouve&nbsp;qu&rsquo;avant de soulever des sujets de soci&eacute;t&eacute;, mieux vaut s&rsquo;armer d&rsquo;une imparable strat&eacute;gie post et (surtout)&nbsp;pr&eacute; op&eacute;ration. Mieux, il interroge sur les limites du marketing et soul&egrave;ve la question&nbsp;br&ucirc;lante &quot;un probl&egrave;me de soci&eacute;t&eacute; doit-il se vendre pour exister ?&quot; Long d&eacute;bat en perspective...

Emily Ratajkowski, Cara Delevingne et Lena Dunham au coeur d'une polémique

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