Focus sur les cl&eacute;s qui d&eacute;finissent la garde-robe victorienne futuriste d'Emma Stone dans le r&ocirc;le de Bella Baxter, la protagoniste de cette com&eacute;die d&eacute;lirante de Yorgos Lanthimos sur une femme avec un cerveau de jeune fille dans un 19e si&egrave;cle dystopique.

Holly Waddington, la costumi&egrave;re de Pauvres Cr&eacute;atures (Poor Things, VO), avoue s'&ecirc;tre sentie g&ecirc;n&eacute;e lors de plusieurs conversations sur les v&ecirc;tements avec Yorgos Lanthimos, le r&eacute;alisateur du film. En raison de l'intrigue et de la nature des plans qui allaient &ecirc;tre film&eacute;s, une grande partie de la discussion entre les deux tournait autour du sexe : comment porter ce v&ecirc;tement particulier ? Comment Bella Baxter, la protagoniste, peut-elle avoir des relations sexuelles en portant ce look ?&nbsp;
Bas&eacute; sur le roman &eacute;ponyme d'Alasdair Gray, Pauvres Cr&eacute;atures est &agrave; la fois un film d'&eacute;poque et un film de science-fiction, dans lequel un scientifique flamboyant r&eacute;ussit &agrave; transplanter le cerveau d'un enfant dans le corps d'une femme adulte. Dans un passage &agrave; l'&acirc;ge adulte marqu&eacute; par la lib&eacute;ration sexuelle et intellectuelle des hommes qui ont l'intention de s'emparer d'elle, les costumes devaient non seulement s'adapter aux sc&eacute;narios dystopiques dans lesquels le personnage de Bella Baxter - interpr&eacute;t&eacute; par <a href="https://www.lofficiel.com/people/emma-stone-voir-l-actrice-refuge-a-malibu" target="_blank" rel="noopener">Emma Stone</a>, laur&eacute;ate d'un <a href="https://www.lofficiel.com/pop-culture/streaming-regarder-nomines-aux-oscar-2024-barbie-oppenheimer" target="_blank" rel="noopener">Oscar</a> - se trouvait, mais aussi refl&eacute;ter l'&eacute;volution dans laquelle elle vivait.

Pour cr&eacute;er les costumes de cet univers fictif, Holly Waddington s'est presque enti&egrave;rement fi&eacute;e &agrave; son instinct et &agrave; son intuition. Hormis une &oelig;uvre d'Egon Schiele qui lui a servi de r&eacute;f&eacute;rence pour ses cheveux, le r&eacute;alisateur n'a impos&eacute; aucune restriction cr&eacute;ative quant &agrave; la mani&egrave;re dont les gens devaient s'habiller dans ce XIXe si&egrave;cle dystopique et fantastique. "Le seul commentaire vraiment important &eacute;tait que je ne voulais pas que le film ressemble trop &agrave; un drame d'&eacute;poque, ni &agrave; un film de science-fiction", explique-t-il.

Forte de son exp&eacute;rience dans d'autres titres tels que The Young Lady, avec <a href="https://www.lofficiel.com/industry-trends/florence-pugh-est-la-nouvelle-ambassadrice-de-la-maison-valentino" target="_blank" rel="noopener">Florence Pugh</a>, ou la s&eacute;rie The Great, Holly Waddington s'est tourn&eacute;e vers un ensemble d'outils compl&egrave;tement diff&eacute;rent cette fois-ci. "Tout ce qui comportait de la dentelle, des perles ou de la broderie ne me semblait pas appropri&eacute;", a-t-elle d&eacute;clar&eacute;. Au lieu de cela, elle s'est inspir&eacute;e des silhouettes exag&eacute;r&eacute;es de l'&egrave;re victorienne, mais les a radicalis&eacute;es en utilisant des tissus modernes, tels que le plastique et le latex. L'effet est anachroniquement d&eacute;concertant, accentuant cette nuance &eacute;trange et originale d'une h&eacute;ro&iuml;ne... bien d&eacute;concertante.

Au d&eacute;but du film, Bella semble toujours plus ou moins d&eacute;shabill&eacute;e, comme c'est souvent le cas chez les jeunes enfants. Les v&ecirc;tements intimes sont port&eacute;s au grand jour, avec des tenues enfantines que Bella n'a pas choisies pour elle-m&ecirc;me. Au contraire, dans le deuxi&egrave;me acte du film, lorsqu'elle se rend &agrave; Lisbonne et rencontre "le monde ext&eacute;rieur" auquel elle aspire, elle troque son short volant pour un short en soie jaune, plus sensuel, plus f&eacute;minin. Holly Waddington a pens&eacute; au look embl&eacute;matique de Jodie Foster dans Taxi Driver lorsqu'elle a con&ccedil;u la fa&ccedil;on dont elle voulait que Bella s'habille pour sa premi&egrave;re promenade en solitaire dans la vraie vie. Pour la robe de mari&eacute;e, les manches ballon atteignent jusqu'&agrave; un m&egrave;tre de diam&egrave;tre, combin&eacute;es &agrave; un voile presque inexistant qui encercle son visage et se ferme par un n&oelig;ud aust&egrave;re au niveau du cou.

Tout comme la transformation int&eacute;rieure de la protagoniste, les costumes con&ccedil;us par Holly Waddington se r&eacute;inventent sous nos yeux, image par image, seconde par seconde, de mani&egrave;re pr&eacute;cise mais subtile. Ce n'est peut-&ecirc;tre pas avant la derni&egrave;re sc&egrave;ne, dans laquelle nous voyons Bella en femme au foyer &eacute;tudiant pour son examen de m&eacute;decine, entour&eacute;e de tous ses amis (et de ses derni&egrave;res cr&eacute;ations), que son &eacute;volution devient palpable, reconnaissable : ses cheveux noirs sauvages sont peign&eacute;s, son visage est d&eacute;gag&eacute; et elle porte un &eacute;l&eacute;gant pull-over cr&egrave;me - sans jamais renoncer &agrave; ses spectaculaires manches bouffantes. Si ce n'&eacute;tait pas &eacute;vident avant, &ccedil;a l'est maintenant : la fille est devenue une femme, avec une personnalit&eacute;, une voix et un style qui lui sont propres et qui se manifestent organiquement dans sa garde-robe.

Dans "Pauvres Créatures", le passage à l'âge adulte se manifeste dans les vêtements

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