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Qui est Teddy Ondo Ella, le nouveau créateur gabonais qui monte ?

Ça n'aura échappé à personne, c'est du côté de l'Afrique que se joue l'avenir de la mode internationale. Prochaine figure à suivre, le Gabonais Teddy Ondo Ella, qui présentera sa première collection dans la très select Art Beam Gallery de New York, le 10 juillet prochain. Rencontre.
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La Banque Mondiale prévoit une croissance économique de 2,6% de l’Afrique subsaharienne, tandis que le rapport Africa's Pulse prédit passera à 3,2 % en 2018 et à 3,5 % en 2019. Pardon pour l’entrée en matière un peu sèche, mais elle dit bien le dynamisme d’un continent – dynamisme qui incite une nouvelle génération d’entrepreneurs à s’engager au quotidien pour en profiter. 

Ainsi, Teddy Ondo Ella, 38 ans, après une carrière musicale (au sein de Cartel Black), a retrouvé le chemin du Gabon, pour y ouvrir, à Libreville, le temple de la sneakers, The Sneakers Club, puis en lançant une ligne de sportswear, Only Made in Gabon. Dans la droite continuité de son enfance : « « Ma mère avait une boutique, Teddy Boutique, de vêtements, parfums, et je l’accompagnais souvent à Paris faire ses courses, notamment du Charles Jourdan pour les revendre au Gabon. » 

Le 10 juillet, à 15 heures (locales), à la galerie Art Beam de New-York, il présentera sa première collection de prêt-à-porter haut de gamme, avec un leitmotiv précis : « Je veux partager ma culture, sa beauté : si la création est égoïste, je ne veux laisser personne indifférent, que tout le monde puisse se l’approprier, s’y identifier. » 

La nouvelle campagne, réalisée avec le cinéaste et clippeur Andrew Dosunmu (auteur de clips pour Common, Kelis, Maxwell…), prolonge cette volonté : « J’ai voulu qu’elle exprime l’esprit de la marque, africain, sexy et élégant.  Andrew partageait mon parti-pris, mon désir de montrer une identité forte, déterminée, sans agressivité. » 

Voyageur – né au Congo, grandi au Gabon, ayant vécu en France - Teddy Ondo Ella tient à valoriser à la fois son héritage patrimonial et culturel (motifs tribaux, références spirituelles), et sa contemporanéité.

L’originalité de sa démarche s’incarne par exemple dans l’usage d’un denim « très rigide, qui donne un aspect fitté, proche du costume. J’y ajouté des imprimés rappelant les motifs présents sur la veste associée. »

Surtout, elle vient de l’origine de sa marque : « J’ai décidé de créer ma marque pour souligner la culture de mon pays : la mode permet  de toucher des personnes qui n’auraient pas été sensibles autrement aux richesses culturelles qu’offre le Gabon. Elle permet d’ouvrir de nouveaux horizons. Je voulais m’adresser à une nouvelle génération d’Africains, nés sur ce continent, mais avec une expérience européenne moderne. »

Soucieux de démocratiser la mode africaine autour d’un ADN gabonais, et encore plus de ne pas céder aux clichés éventuels « J’ai décidé de casser les stéréotypes, ne pas utiliser le wax, mais plutôt de la soie, de la popeline de coton, du super 150, du haut de gamme. Les connotations culturelles sont plus subtiles. » Il signe tous les concepts, avec une conviction « Ce n’est pas le costume qui fait l’homme, mais l’homme qui fait le costume. »

Qu’attendre du show new-yorkais ? «Des surprises ! Mais il y aura une danse rituelle,  menée par l’oukoukouè qui incarne l’esprit qui protège le village. Il m’a fallu bien des conversations pour le convaincre de venir.» Et l’avenir ?
« La prochaine collection sera autour de l’univers de la sape. On en parle beaucoup ici et là, mais sans profondeur. Je veux insister sur ses règles, son caractère pacifiste, ses codes stricts sur les couleurs…et sur les possibilités d’évasion que la sapologie offre. »

 

 

 

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