Pourquoi la couette est la nouvelle doudoune
La mode se soucierait-elle enfin du confort de ses sujets ? Après avoir corsetté la femme, après l'avoir perchée sur des échasses, on l'a vue, ces deux dernières annéees, légitimer tout ce que le bon goût avait toujours rejeté (pour faire court : les chemises de nuit, les Crocs et les joggings). La révolution seraient presque en marche, si ne planait en filigranne le spectre vicieux et impérieux du besoin de plaire... Certes, comme disait Pascal, "Le coeur a ses raisons que la raison ne connait pas", mais il semble que la mode, à l'heure de la surenchère créative et de la surmédiatisation, ait bien autant de raison que de coeur. Voilà pourquoi, cet hiver, elle a choisi de sacraliser la bonne vieille couverture matelassée, enregistrée au répertoire équestre depuis des siècles : par stratégie donc, et c'est là où le bât blesse toujours, comme si chaque révolution n'était qu'une caricature d'elle-même, qu'un effet de style bon à repaître les street-stylers et leurs proies. Par fantaisie, aussi, pour rejouer sur le pavé ces "afternoon teas" chics et vieillots dont les dernières collections Mulberry sont une Madeleine de Proust. L'édredon XIXe siècle, oui ; le duvet de camping, non. La mode n'a pas encore perdu le Nord.
