Moment attendu du calendrier artistique parisien, le prix Révélations Emerige – fondé en 2014 –, a été attribué à Linda Sanchez. A cette occasion, nous avons rencontré Gael Charbau, commissaire de l’exposition rassemblant les œuvres des douze nominés de cette 4e édition.

Propos recueillis par Yamina Bena&iuml;

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Sur le titre de l&rsquo;exposition&nbsp;: &ldquo;En forme de vertiges&rdquo;

Ce choix est fonction des &oelig;uvres que j&rsquo;ai pu d&eacute;couvrir lors de mon travail avec les artistes, il est survenu de mani&egrave;re assez naturelle pour qualifier la relation que l&rsquo;on peut avoir avec l&rsquo;art, notamment lorsque l&rsquo;on est face &agrave; des &oelig;uvres tr&egrave;s puissantes. Le vertige renvoie &agrave; la sensation que cette vision cr&eacute;e &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de nous. Au lieu de dire &agrave; quoi ces &oelig;uvres ressemblent, je pr&eacute;f&egrave;re r&eacute;pondre qu&rsquo;elles sont en forme de vertiges.&nbsp;

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Sur les pratiques repr&eacute;sent&eacute;es

Les douze artistes de l&rsquo;exposition (Mali Arun, Laetitia de Chocqueuse, Marcel Devillers, J&eacute;r&ocirc;me Grivel, Alice Guittard, Luke James, Fabien L&eacute;austic, Alice Louradour, Gwilherm Lozac&rsquo;h, Eva Medin, Linda Sanchez, Apolonia Sokol) ont des pratiques tr&egrave;s diverses. Ainsi, nous n&rsquo;avions pas pr&eacute;sent&eacute; de peinture aussi significative depuis la premi&egrave;re &eacute;dition des R&eacute;v&eacute;lations Emerige, qu&rsquo;avec une artiste comme Apolonia Sokol. La pi&egrave;ce centrale du dispositif de l&rsquo;exposition d&eacute;veloppe toute une r&eacute;flexion d&eacute;clinant diff&eacute;rentes approches de ce m&eacute;dium, qui peuvent &ldquo;s&rsquo;incarner&rdquo; en un caisson unique, un tondo, une peinture dans ce qu&rsquo;elle a de plus minimal... L&rsquo;exposition se veut &agrave; multiples visages&nbsp;: elle met en sc&egrave;ne, par exemple, de la c&eacute;ramique, trait&eacute;e par Fabien L&eacute;austic sous forme d&rsquo;une colonne d&rsquo;o&ugrave; ruisselle de la barbotine liquide, d&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute; nous avons des sculptures qui s&rsquo;effondrent avec le travail de J&eacute;r&ocirc;me Grivel, de m&ecirc;me qu&rsquo;une forte repr&eacute;sentation de la vid&eacute;o avec deux courts-m&eacute;trages &ndash; le travail de Mali Arun notamment &ndash;, ainsi que des vid&eacute;os qui sont davantage de l&rsquo;ordre de l&rsquo;exp&eacute;rimentation. &ldquo;En forme de vertiges&rdquo; entra&icirc;ne ainsi v&eacute;ritablement le visiteur dans l&rsquo;&eacute;ventail des m&eacute;diums que manipulent les artistes d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, tels le plomb, le bois, tout en restant dans une approche tr&egrave;s contemporaine. L&rsquo;artiste cherche avant tout le sens que ce mat&eacute;riau apporte &agrave; son travail, ce qu&rsquo;il va lui permettre de raconter. Depuis plusieurs ann&eacute;es, on observe un retour de mat&eacute;riaux traditionnels qui sont d&eacute;tourn&eacute;s, r&eacute;exploit&eacute;s par cette jeune sc&egrave;ne dans des propositions in&eacute;dites. La bourse Emerige t&eacute;moigne beaucoup de ces usages. On le voit notamment dans le travail de r&eacute;cup&eacute;ration effectu&eacute; par Alice Louradour, avec le grand mur situ&eacute; dans l&rsquo;entr&eacute;e de l&rsquo;exposition, r&eacute;alis&eacute; uniquement avec des mat&eacute;riaux de chantier &ndash; b&acirc;ches, sacs &agrave; gravats &ndash;, et qui pourtant parvient &agrave; diffuser une fra&icirc;cheur et une &eacute;nergie assez &eacute;tonnantes... Jusqu&rsquo;aux plaques de marbre utilis&eacute;es par Alice Guittard dans son travail photographique, comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait de feuilles de papier. Toutes ces r&eacute;cup&eacute;rations et ces d&eacute;tournements traduisent une approche tr&egrave;s contemporaine.&nbsp;

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Sur la composition des diff&eacute;rentes s&eacute;quences de l&rsquo;exposition&nbsp; 
 
La premi&egrave;re salle de l&rsquo;exposition est davantage li&eacute;e au r&eacute;cit et au paysage, la deuxi&egrave;me salle est d&eacute;di&eacute;e &agrave; un dialogue entre sculpture et peinture qui, semblant tr&egrave;s classique, se r&eacute;v&egrave;le en r&eacute;alit&eacute; tr&egrave;s contemporain. La troisi&egrave;me pi&egrave;ce, dite &ldquo;salle des colonnes&rdquo;, rassemble les cariatides de Fabien L&eacute;austic et les colonnes couch&eacute;es de Linda Sanchez, laur&eacute;ate de l&#39;&eacute;dition 2017. J&rsquo;ai envisag&eacute; les espaces en tenant compte des caract&eacute;ristiques des lieux&nbsp;: certaines &oelig;uvres n&eacute;cessitant, par exemple, de l&rsquo;obscurit&eacute;, sont naturellement expos&eacute;es dans les espaces plus sombres, tandis que la salle situ&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;tage dont le sol est recouvert de moquette se pr&ecirc;te davantage &agrave; la pr&eacute;sentation de vid&eacute;os, cr&eacute;ant un cadre plus intime... Au rez-de-chauss&eacute;e, j&rsquo;ai opt&eacute; pour la distribution d&rsquo;&oelig;uvres assez percutantes, qui ont besoin d&rsquo;espace pour s&rsquo;exprimer. Puis &agrave; partir de cela, j&rsquo;ai r&eacute;parti les &oelig;uvres au sein d&rsquo;un cadre plus intime, pour installer une relation plus personnelle avec le spectateur.&nbsp;

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Sur le modus operandi du Prix et sa port&eacute;e

Nous recevons environ 900 candidatures chaque ann&eacute;e, que nous examinons attentivement avec nos deux galeristes invit&eacute;s&nbsp;: cette ann&eacute;e &ndash; galerie The Pill d&rsquo;Istanbul (Suela J. Cennet) et la galerie Papillon (Marion et Claudine Papillon). Nous &eacute;purons la s&eacute;lection par &eacute;tapes successives... toute la difficult&eacute; de la d&eacute;lib&eacute;ration intervenant au moment de resserrer le nombre des artistes au choix final. 
Lors de notre premi&egrave;re &eacute;dition intitul&eacute;e &ldquo;Voyageurs&rdquo; (2014), le laur&eacute;at du prix R&eacute;v&eacute;lations Emerige, Vivien Roubaud, a ensuite &eacute;t&eacute; accompagn&eacute; par la galerie invit&eacute;e, Fabienne Leclerc/ galerie In Situ. Cet accompagnement constitue l&rsquo;un des principes de notre programme. Or, cette ann&eacute;e &agrave; la Fiac, Vivien Roubaud b&eacute;n&eacute;ficiait d&rsquo;une quasi-exposition personnelle sur le stand de la galerie In Situ. Autres exemples, sur le stand Fiac de la galerie Michel Rein, notre partenaire de l&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re, &eacute;tait expos&eacute;e une &oelig;uvre d&rsquo;Edgar Sarin, laur&eacute;at de R&eacute;v&eacute;lations Emerige 2016, quant au stand de la galerie Vallois, il pr&eacute;sentait des &oelig;uvres de Lucie Picandet, laur&eacute;ate de l&rsquo;&eacute;dition 2015. Ainsi, non seulement les laur&eacute;ats connaissent une avanc&eacute;e concr&egrave;te apr&egrave;s avoir remport&eacute; le prix R&eacute;v&eacute;lations Emerige, mais encore nombre des autres candidats &agrave; la bourse ont l&rsquo;opportunit&eacute; de nouer des liens avec des galeries, d&rsquo;avoir leurs &oelig;uvres acquises par des collectionneurs... Cette bourse repr&eacute;sente un v&eacute;ritable tremplin pour les artistes, et son enjeu vise &agrave; la professionnalisation de cette nouvelle g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;artistes.

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Bourse R&eacute;v&eacute;lations Emerige 2017 &ndash; 4e &eacute;dition

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Le jury&nbsp;: Laurent Dumas (président du Fonds de dotation Emerige), Andrea Bellini (directeur du Centre d&rsquo;Art contemporain, Genève), Suela J. Cennet (fondatrice et directrice de la galerie The Pill, Istanbul), Eric de Chassey (directeur général de l&rsquo;Institut national d&rsquo;histoire de l&rsquo;art, Paris), Alexia Fabre (conservatrice en chef du Mac Val, Vitry-sur-Seine), Eric Mangion (directeur du centre d&rsquo;art de la Villa Arson, Nice), Didier Marcel (artiste), Marion et Claudine Papillon (directrices de la galerie Papillon, Paris).

La&nbsp;laur&eacute;ate de l&rsquo;&eacute;dition 2017&nbsp;: Linda Sanchez (n&eacute;e en 1983, vit et travaille &agrave; Marseille). 
Elle b&eacute;n&eacute;ficiera d&rsquo;un accompagnement professionnel, d&rsquo;un atelier et d&rsquo;une bourse de 15&nbsp;000 &euro; pour r&eacute;aliser sa premi&egrave;re exposition personnelle &agrave; la galerie Papillon en 2018.

Les partenaires&nbsp;: galerie The Pill (Istanbul), qui accueillera l&rsquo;artiste Alice Guittard pour une exposition personnelle, et galerie Papillon (Paris). 
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&ldquo;En forme de vertiges&rdquo; 
exposition du 8 au 30 novembre, &agrave; la Villa Emerige 
7, rue Robert Turquan, 75016 Paris 
Commissariat de l&rsquo;exposition : Ga&euml;l Charbau 
<a href="http://www.revelations-emerige.com.">www.revelations-emerige.com</a>

Linda Sanchez, L'autre, 2017, techniques mixtes, dimensions variables © Rebecca Fanuele pour Emerige.

Vue de l'exposition "En forme de vertiges", Bourse Revelations Emerige 2017 © Rebecca Fanuele.

Linda Sanchez, "11752 mètres et des poussières…", 2014, vidéo, 71 minutes (extrait).

Linda Sanchez, Les bêtes, 2016, béton, pigments, structure bois, placoplâtre, carrelage, tapisserie, Installation in situ © Linda Sanchez

Linda Sanchez, Tissu de sable, 2005, sable, colle néoprène, Dimensions variables © Linda Sanchez.

Alice Guittard, économie de moyens, 2017.

Alice Guittard, Maëlstrom, 2017.

Alice Louradour, Chantier enchanté, 2016.

Apolinia Sokol, Abdy, 2016, huile sur toile, 195 x114cm.

Apolonia Sokol, Hecate, 2016, huile sur toile, 195x114cm.

Eva Medin, SMARS-video, 2015.

Fabien Leaustic, Monolithe. Photo Juan Cruz Ibanez.

Fabien Leaustic, Théinographie.

Gwilherm Lozach, Nope, 2016.

Gwilherm Lozach, The Painte in the studio, 2016.

James Luke, Le Baiser de plomb, 2017.

Jerôme Grivel, Sans titre, (kiosque) Saint-Paul-de-Vence, 2011, Photo Francois Fernandez.

Laetitia de Chocqueuse, Introrsum, 2016.

Laetitia de Chocqueuse, Sabemos de aristarque, point3.

Les bêtes, 2016, Béton, pigments, structure bois, placoplâtre, carrelage, tapisserie, Installation in-situ © Linda Sanchez.jpg

Mali Arun, Paradisus 1, 2015, vidéo, 9min.

Marcel Devillers, Le langage, La maison que l'homme habite, 2016.

Prix Révélations Emerige, incubateur de talents

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